Assaut de l’ANP : une opération «très complexe qui a évité le pire»
L'assaut donné dans des conditions «extrêmement complexes» par les troupes spéciales de l’ANP pour neutraliser un groupe terroriste multinational, doté d’un véritable arsenal de guerre composé de missiles, lance-roquettes, grenades, fusils-mitrailleurs et fusils d’assaut, a évité un «véritable désastre» dans le site gazier d’In Amenas qui aurait provoqué des dégâts humains et matériels «incommensurables», a estimé vendredi une source gouvernementale. Ce groupe composé de plusieurs nationalités, munis également de ceintures d’explosifs, s'était fixé comme objectif suprême d’enlever le maximum d’otages occidentaux, causer le plus de dégâts matériels et humains sur place et acheminer les otages au Mali pour en faire une monnaie d’échange de leur «perfide chantage». Le déploiement rapide des forces spéciales de l’ANP autour du site gazier d’In Amenas et les renseignements recueillis ont fait comprendre à ce commando terroriste, résolu à réussir son coup de force, qu’il n’avait que peu de chance de parvenir à ses fins, indique-t-on. Leur but, avait rappelé samedi le ministre de la Communication, Mohamed Saïd, était d’en faire une monnaie d’échange dans le conflit au Mali, affaiblir la position algérienne (économique et politique) et entraîner l’Algérie dans le conflit malien pour créer le plus grand chaos possible et susciter d’autres actions terroristes contre les intérêts algériens et étrangers. Intervenant au nom du gouvernement, le ministre de la Communication avait réitéré jeudi soir la position officielle : l’Algérie ne négocie pas avec les terroristes, ne cède jamais au chantage, ne se laisse pas entraîner dans un conflit hors de ses frontières (Mali) et ne marquera aucun répit dans sa lutte contre le terrorisme. Comme le veut l’usage dans ces circonstances «très délicates», les forces spéciales, dont l’expertise est avérée au niveau mondial, ont tenté de dénouer sans trop de dommages la prise d’otages. Après avoir échoué dans leur tentative de détourner un bus transportant des travailleurs étrangers qui se rendaient à l’aéroport d’In Amenas, grâce à la réaction énergique de l’escorte, le groupe terroriste s’est replié sur la base de vie où il a pris ses travailleurs en otage. Les forces spéciales de l’ANP ont dû rapidement mettre en œuvre le plan de riposte en engageant «l’opération de libération des otages», seule possibilité de minimiser, non sans risques inévitables comme partout ailleurs, voire neutraliser les funestes desseins de la «multinationale terroriste». Comme ont eu à le souligner des experts opérationnels européens de la lutte antiterroriste, jamais une opération de libération des otages qui, plus est dans des conditions exceptionnellement complexes (théâtre des opérations au fin fond du désert, proximité de l’usine gazière, nombre très élevé de travailleurs pris en otage, usage de ceintures d’explosifs, armements de guerre, etc.), n'a réussi à 100% et sans dégâts. Même de grandes puissances occidentales ont totalement échoué à libérer des otages, entre autres opérations de sauvetage, dans l’un des trois pays les plus pauvres de la planète, malgré l’armada mise en œuvre, note la source gouvernementale. Tout comme la campagne malienne a révélé, ce contre quoi l’Algérie a maintes fois mis en garde : la déstabilisation de la Libye a livré à la multinationale terroriste et ses relais les réserves d’armements lourds et sophistiqués et d’énormes couloirs de transit de terroristes alliés au grand banditisme et aux narcotrafiquants latino-américains et autres. En dépit du caractère souverain de la décision de donner l’assaut décidé par les autorités algériennes lorsque le pire était à craindre, l’Etat algérien a tenu informés, comme le veut l’usage, les dirigeants des pays dont les ressortissants exercent sur la base d’In Amenas, indique-t-on de même source. Contrairement aux interprétations «spécieuses» de commentateurs dans les médias étrangers, la quasi-totalité des capitales concernées ont exprimé leur «compréhension», voire leur «soutien» à la position algérienne, eu égard à la difficulté de la mission, mais aussi «ce faisant l’Algérie contribue à la sécurisation du monde contre la menace terroriste».
R. N.
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