Reb el-hef (*)
Que nos lecteurs nous pardonnent cet écart de conduite de notre part, mais nous ne voyons pas d’autre formule pour décrire cette missive qu’a adressée Hocine Malti au parton des services secrets algériens, dont il aligne la puissance supposée sur celle de Dieu. Pris au premier degré, on est tenté de croire que l’auteur de ce texte demande au général Tewfik de lever sa main lourde sur la justice et que c’est lui qui retarde le jugement de Chakib Khelil dont Algeriepatriotique – faut-il le rappeler – a été un des premiers journaux à dénoncer les frasques, documents à l’appui (voir notre rubrique Documents). Mais, en filigrane, il ressort que ce pamphlet est une insulte à l’intelligence des Algériens que cet ancien cadre de Sonatrach, installé en Europe depuis fort longtemps, traite à demi-mot d’idolâtres, puisque Tewfik serait, à comprendre ses dires, leur dieu suprême. Ce sont donc les Algériens qui sont visés indirectement ; eux les sujets se prosternant devant le Pharaon. La lettre de Hocine Malti est un vide sidéral. Et parce qu’elle est vide, cette lettre, il a fallu jouer sur les mots ; sur un mot : «Reb» (dieu). Un affront dans ce pays extrêmement croyant où il n’y a pas pire blasphème que d’associer un dieu à Dieu l’Unique. Sinon, qu’apporte de nouveau cet ancien collègue de Chakib Khelil ? Que dit-il de plus qui n’ait été dit par les médias algériens ? En quoi le fait de relayer une information donnée par un quotidien italien et reprise par tous les titres de la presse nationale est-il si important ? Hocine Malti a voulu frapper les esprits en déifiant un mortel. Il semble qu’il ait réussi, vu l’empressement de dizaines de journaux et de sites à se faire l’écho de cette lapalissade. Oui, Khelil doit être jugé ! Oui, la justice doit faire son travail ! Oui, le DRS doit se limiter à ses prérogatives ! Mais Hocine Malti avait-il besoin de diviniser le général Tewfik et snober les Algériens pour nous convaincre ?
M. Aït Amara
(*) Le dieu de l’esbroufe
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