Petits poissons
Les affaires de corruption envahissent de nouveau la scène, avec chaque jour des condamnations à des peines de prison de nombreux présidents d’APC et élus municipaux. Au moins quatre responsables locaux ont été arrêtés ou condamnés, en quelques jours seulement, pour diverses malversations. Deux discours du chef de l’Etat en moins d’un mois, consacrés à l’impératif de la lutte contre la corruption, ouvraient ainsi une vaste campagne médiatique et judiciaire sur la question, mais qui peine à réhabiliter l’appareil judiciaire dans le rôle qui doit être le sien. Bouteflika, dans son deuxième discours qu’il a adressé à l’occasion de la fête du 19 Mars, semble donner le feu vert à des institutions qui ne savent plus visiblement comment s’y prendre. On peut supposer que le Président réagisse là aux scabreux étalages du dossier Sonatrach, où d’anciens responsables importants, de son entourage, sont jetés en pâture avant même d’être interpellés par la justice (le seront-ils d’ailleurs un jour ?), et enjoint à l’Etat de «demander des comptes à toute personne coupable aux yeux de la loi, tout en veillant à recouvrer les droits spoliés s’agissant de la dilapidation des deniers publics». Or, pour l’instant, la justice reste amorphe sur les grands dossiers qui enveniment la vie nationale et ne condamne que de petits commis de l’Etat (présidents d’APC, élus locaux, voire certains walis ripoux…). On se demande si les petits responsables sont tous pourris et les grands tous propres, car on a l’impression que le système utilise toujours ses vieilles recettes en se servant du menu fretin comme attrape-nigaud pour amuser la galerie et faire semblant de combattre la corruption alors qu'il n'en est rien. Le Président a beau dire que «la justice jouit aujourd’hui de la compétence qui la conforte dans son action», et que ses devoirs «imposent à l’Etat d’être fort et d’exercer pleinement son pouvoir dans le respect des lois de la République de manière à rassurer sur ses capacités à protéger la vie, les biens et la dignité des citoyens», on ne voit encore rien qui laisse entrevoir une sincère prise en charge du problème.
R. Mahmoudi
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