Pourriture grise (*)
Impliqué de façon flagrante dans les affaires de corruption qui ont éclaboussé le secteur de l’énergie et particulièrement ce joyau de la République qu’est Sonatrach, alors qu’il était ministre de tutelle, Chakib Khelil n’avait pas daigné démissionner de son poste comme il convient en pareille circonstance et comme cela se passe, pour moins que ça, dans le pays – les Etats-Unis – d’où il était venu en 1999. Pis, une fois enlevé du gouvernement, il ose narguer l’opinion publique par ses apparitions provocatrices au lieu de «cacher son matricule» comme on dit chez nous dans le jargon populaire. Cet «inconnu au bataillon» jusqu’à ce qu’il sorte par une sorte de magie des valises du président fraîchement élu en avril 1999 se croit, sans doute, au-dessus des lois algériennes. Aucun juge ne l’a encore convoqué, pourtant son nom est récurrent dans les articles qui traitent de la série d’affaires pourries étalées au public depuis de longs mois sous le générique «Sonatrach». Malheureusement pour l’Algérie, qui mérite mieux au vu des sacrifices consentis par ses valeureux enfants pour la libérer de la domination coloniale et des efforts que déploient leurs héritiers pour la préserver de la soumission néocoloniale, de fil en aiguille, on constate que plusieurs personnalités, entreprises et institutions sont touchées par ce fléau. Cette explosion du phénomène de la corruption était prévisible pour deux raisons au moins : cette maladie a eu tout le temps de s’enraciner jusqu’à être érigée en règle, en mode de vie, en symbole de succès, de réussite, par la ruse, la fourberie ; la seconde en est que, dans ce climat délétère, l’argent a commencé à entrer dans les caisses de l’Etat un peu par hasard, sans qu’aucun effort n’ait été fait et qu’aucune intelligence n’ai été sollicitée. Un argent facile ajouté à une absence de valeurs morales, le tout encouragé par le sentiment d’impunité. Le résultat, nous le voyons.
Kamel Moulfi
(*) se dit d'un champignon qui endommage la récolte