Comment des déclarations faites à Alger ont monté le cours des actions d’Orascom au Caire et à Londres
Des experts financiers ont révélé à Algeriepatriotique que des déclarations attribuées à des responsables politiques en Algérie ont monté le cours des actions d'Orascom de l'Egyptien Naguib Sawiris aux Bourses du Caire et de Londres. Ces mêmes experts expliquent, en effet, qu’au moment où les médias répercutaient le chiffre astronomique de 6,9 milliards de dollars comme estimation de la valeur de Djezzy, se basant sur un audit du cabinet juridique et financier Scherman and Sterling, le patron du Groupe amassait une fortune grâce à la plus-value générée suite à ces annonces dont il semblerait qu’elles auraient été orchestrées dans ce but justement. Il faut rappeler, d’ailleurs, que les ministres des Finances, Karim Djoudi, et des TIC, Moussa Benhamadi, avaient démenti avoir avancé un tel chiffre, les deux responsables n’ayant pas caché leur étonnement quant à une telle affirmation inexacte. Nos sources n’excluent pas la présence en Algérie d’acteurs qui tireraient les ficelles dans le but de pousser le gouvernement algérien à racheter Djezzy au prix fort, pour en tirer un maximum de bénéfices eux-mêmes. Il n’y a pas de doute que ces acteurs, tapis dans l’ombre, participent à cette immense escroquerie qui vise à vendre à l’Etat une coquille vide contre une somme pharamineuse. Dans une contribution transmise à Algeriepatriotique, l’expert financier international algérien installé en Suède, Noureddine Legheliel, relevait «les contours intrigants de cette affaire» et «les signes apparents d’une surévaluation de Djezzy». L’expert s’est demandé, sceptique : «Djezzy vaut-elle vraiment 6,5 ou 6,9 milliards de dollars ?», avant de présenter une pléthore d’arguments pour affirmer qu’OTA a été surévaluée et non pas évaluée1. Cette arnaque a été rendue possible par l’inertie d’une autorité de régulation présidée par Mme Derdouri et qui, bien qu’ayant elle-même constaté la position dominante de Djezzy sur le marché algérien de la téléphonie mobile, en totale contradiction avec les lois en vigueur dans le pays, n’a pas usé de ses prérogatives pour imposer les mesures coercitives applicables dans ce genre de situations illégales. Cette absence de réaction de l’ARPT a adoubé le Groupe de Sawiris au détriment des autres opérateurs, mais également aux dépens des intérêts de l’Algérie, désormais traînée devant les tribunaux internationaux, portant ainsi atteinte à sa réputation. Un autre point intrigue les experts interrogés par Algeriepatriotique, à savoir le limogeage de l’ancien président de l’ARPT, Mohamed Belfodil, et son remplacement par la présidente actuelle qui a tout fait pour empêcher l’application de la décision 06/SP/PC/ARPT du 6 février 2007, qui dispose expressément que «l'opérateur Orascom Telecom Algérie est en position dominante sur le marché du service de la téléphonie mobile au public de type GSM»2. Pour quel but ? Il va sans dire que si l’Algérie perd le procès que lui a intenté Naguib Sawiris au Centre international de règlement des différends relatifs aux investissements – siégeant à Washington –, les Algériens seront en droit de demander des comptes à tous ceux qui auront contribué à renflouer, avec l’argent du contribuable, les caisses d’un investisseur égyptien véreux.
M. Aït Amara
1- Un expert international évalue les actifs de Djezzy : «L’Etat achète une coquille vide»
2– Djezzy : comment l’ARPT a fait perdre deux milliards de dollars à l’Algérie
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