Combien a coûté Atwan ?
Fondé en 1989 par des émigrés palestiniens, Al-Quds Al-Arabi a toujours essayé d’adopter une ligne plus indépendante, voire plus critique que les deux grands quotidiens arabes à capitaux saoudiens, Al-Charq Al-Awsat et Al-Hayat, paraissant à Londres, sur les grandes questions qui préoccupent le monde arabe. Financé au départ par le régime libyen de Mouammar Kadhafi, il s’est distingué par des prises de position courageuses, notamment sur le conflit israélo-palestinien, mais aussi sur l’invasion de l’Irak et, généralement, sur les positions politiques des gouvernements arabes. Son intrépide rédacteur en chef, le Palestinien Abdel Bari Atwan, a réussi à imprimer à ce journal une vision ouverte et dynamique, mais a totalement changé de cap depuis l’éclatement des événements du «printemps arabe», en soutenant bec et ongles le renversement des régimes en place et en passant sous silence l’immixtion des puissances occidentales dans la crise qui secoue ces pays, comme le montrent tous les éditoriaux d’Atwan, ces deux dernières années. Tout cela ajouté à ses nombreuses interventions sur les différents plateaux de télévision qu’il anime, avec sa verve passionnée et incisive, surtout sur la chaîne qatarie Al-Jazeera, où il intervenait très fréquemment pour commenter, dans un sens toujours dithyrambique, les bandes vidéo d’Oussama Ben Laden et de son successeur Ayman Al-Zawahiri. Selon plusieurs sources, Abdel Bari Atwan s’acoquinerait désormais avec des officines du Qatar qui auraient racheté des parts entières de ce titre. Al-Quds Al-Arabi s’est toujours intéressé à l’Algérie, mais ne la considère pas vraiment comme une priorité, même s’il reprend toutes les informations données par les agences ou les reportages de son correspondant permanent à Alger, jusqu’au faux article sur l’Algérie qu’il vient de commettre récemment, non signé, daté du 25 avril 2013 et intitulé «Le Pentagone déploie ses forces au sud de l’Espagne en prévision de troubles en Algérie». Derrière cet article paru dans un journal arabe paraissant dans une capitale européenne et dirigé par un Palestinien, il se dégage une forte odeur de manigance émanant du Qatar. Encore le Qatar, donc.
R. Mahmoudi
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