Les «conseils» du FMI au gouvernement marocain
Le FMI ne cesse de pointer les déséquilibres dans l’économie du Maroc, particulièrement au plan macro-économique, créés par la caisse de compensation qui est le système qui subventionne les produits de base, l’énergie (carburant, gaz…) plus spécialement. Intervenant à distance à la séance d'ouverture des Assises nationales de la fiscalité du Maroc, organisées récemment, la directrice générale du FMI, Christine Lagarde, a insisté sur la nécessité de la réforme de la caisse de compensation. Elle estime que les subventions indifférenciées sont injustes et très pénalisantes pour les finances publiques du Maroc. La caisse de compensation accorde des subventions aussi bien aux personnes riches ou suffisamment aisées pour s’en passer – citant le cas de gens qui disposent de l’air conditionné et de plusieurs voitures – qu’aux plus démunis. La DG du FMI «conseille» au gouvernement de réformer en profondeur la caisse de compensation avec une bonne communication en direction de la population pour éviter le mécontentement et les manipulations de l’opinion. Cette réforme permettra de verser les subventions à ceux qui ont véritablement besoin et de consacrer les épargnes réalisées en supprimant celles destinées aux riches, à financer les dépenses publiques dans les secteurs de la santé et de l’éducation. Christine Lagarde a rappelé que la fiscalité est destinée à contribuer à de bonnes finances publiques pour l’équilibre macro-économique et pour favoriser la croissance et la création d’emplois. Elle vise également, a-t-elle ajouté, à développer des revenus, c'est-à-dire une masse fiscale qui constitue des recettes pour l’Etat, à travers la fiscalité directe et indirecte, à condition qu’il y ait le bon dosage, le bon taux qui soit toléré. Enfin, son rôle est distributif pour inciter ou décourager les activités ciblées. La marge de manœuvre pour les recettes de l’Etat, conseille-t-elle au gouvernement marocain, est dans les subventions. C’est là qu’il faut couper pour dégager de nouvelles recettes à consacrer à des fonds pour la santé et l’éducation, a-t-elle insisté. Le Maroc qui est dans une situation économique difficile, du fait de la baisse considérable de ses recettes extérieures, aura toutes les difficultés du monde à mettre en œuvre les conseils du FMI car cela risque de créer le mécontentement et des troubles sociaux difficiles à gérer pour le royaume. La DG du FMI compte sur une bonne communication pour éviter ce risque. Mais elle reste intraitable sur la condition à réaliser – la réforme de la caisse de compensation – par le Maroc s’il veut avoir des prêts de cette institution internationale qui le tient bien entre ses griffes.
Kamel Moulfi
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