CLA : où va le secteur de l’éducation et le service public ?
Aucun cours n’a été dispensé aux élèves dans les établissements scolaires du sud du pays et des Hauts-Plateaux au cours du troisième trimestre après six semaines de grève. Une déclaration du Conseil des lycées d’Algérie (CLA, fondé par le regretté Redouane Osmane), datée du 14 mai 2013 et dont Algeriepatriotique a obtenu une copie, rappelle cette réalité peu connue, tout en soulignant «l’échec de la politique du gouvernement dans le domaine de la prise en charge des différentes revendications soulevées par les travailleurs de divers secteurs (éducation, santé, formation professionnelle….etc.)». Pour le CLA, il s’agit d’une situation de marasme généralisé en cette fin d’année scolaire. Face aux revendications, le CLA constate que les voies de la négociation sont fermées et qu’au contraire, d’une façon générale, c’est la répression des mouvements de protestation (corps communs, pré-emplois, chômeurs…) Le CLA dénonce l’anarchie dans l’organisation des examens de fin d’année scolaire et attire l’attention sur les menaces qui pèsent sur ces examens. Pis encore, certains ministres (des Finances, de l’Education, de la Santé…) parlent de politique d’austérité engagée par le gouvernement et de l’impossibilité de réouverture de négociations autour des salaires et des statuts particuliers, car, souligne le CLA, «cela mettra en danger les équilibres budgétaires de l’Etat». Le CLA demande au gouvernement de regarder plutôt du côté de «la persistance et la propagation des phénomènes de corruption et de l’économie de la rente ; la fraude et l’évasion fiscale, la contrebande et la fuite de devises (ce qui coûte à l’Etat des milliards de dollars)». Il conseille aux pouvoirs publics de s’attaquer plutôt «aux disparités sociales et salariales, à l’augmentation continue du taux de chômage, à la flambée des prix des denrées alimentaires, la cherté de la vie et les difficultés d’accès aux services publics (éducation, santé, logement, électricité, eau…), aux violations enregistrées des droits garantis par la Constitution et des conventions internationales (droit de grève, droit de manifester…)». Le CLA considère que «la politique d’austérité n’est pas une solution à la crise mais elle sert d’épouvantail pour mettre en œuvre des politiques antisociales et de démantèlement des services publics, et les salariés ne doivent pas supporter les conséquences et payer le coût d’une crise dont ils ne sont pas responsables». Face à cette situation, le CLA demande au gouvernement de tenir une réunion bipartite avec l’ensemble des syndicats de la fonction publique pour une «négociation autour de la politique salariale, du statut général de la fonction publique et de l’amélioration du service public». Le CLA, qui exprime sa solidarité avec tous les mouvements de lutte pour le recouvrement de leurs droits sociaux, annonce qu’il organise le dimanche 26 mai, à 10h, un rassemblement des membres du conseil national devant le ministère de l’Education nationale pour exiger une solution aux divers revendications des travailleurs du secteur (salaire, statut particulier, retraite après 25 ans de service…). Il «lance un appel à l’ensemble des syndicats de la fonction publique pour l’organisation d’un débat national autour de la situation dans ces secteurs pour établir une plateforme de revendications commune et trouver les moyens de luttes et d’action à mener ensemble». Le CLA estime qu’il faut être «solidaire dans l’action et la lutte, car seule la lutte dans l’unité paye».
Kamel Moulfi