Mokri : «Nous ne sommes pas pour un Etat théocratique»
Le nouveau patron du MSP, Abderrezak Mokri, s’est présenté aujourd’hui devant les journalistes, au Forum de Liberté, avec un visage qui tranche fondamentalement avec les positions traditionnelles de son mouvement. C’est un dirigeant du MSP résolument opposant au pouvoir en place qui a défendu la nouvelle posture de son parti pour des considérations, dit-il, «éthiques et patriotiques». Interrogé sur la revendication exprimée par une partie de la classe politique quant à la nécessité de faire valoir l’article 88 de la Constitution pour déclarer la vacance du pouvoir en raison de l’absence prolongée du président de la République, Mokri a préféré user de l’ironie à ce sujet. «S’il est (le chef de l’Etat, ndlr) en bonne santé comme ils le disent, ils n’ont qu’à nous le montrer et tout le monde sera heureux», a-t-il affirmé, tout en affichant sa solidarité à l’égard du journaliste Hichem Aboud contre qui des poursuites judiciaires ont été engagées par le procureur général près la cour d’Alger. «C’est inacceptable. Moi, je pensais que de telles réactions étaient révolues. On se croirait à l’époque du parti unique. Il faut que cela cesse», dénonce-t-il, réclamant tout la transparence sur l’état de santé du Président qui, précise-t-il, «intéresse tout le peuple algérien». Le MSP aura-t-il son candidat à la prochaine présidentielle ? Pour le chef du parti islamiste, «il est prématuré de parler d’une candidature ou de s’engager dans un processus alors que les règles du jeu ne sont pas claires», trouvant «tout à fait normal que les gens soient réticents» à toute candidature à cette échéance. Il évoque à ce propos la nécessité d’une concertation avec les autres partis politiques pour «débattre ensemble» de l’attitude à adopter à ce sujet. Interrogé par ailleurs sur la nature religieuse de son mouvement, le nouveau chef du MSP récuse. «Nous n’avons jamais été pour un Etat théocratique. Nous sommes pour un état civil où les élus sont choisis par les citoyens de manière démocratique», s’est-il en effet défendu, tout en expliquant que l’islam en restait «le référent». Il a par ailleurs dénoncé «un climat politique totalement opaque» et une «démocratie de façade». Faisant le bilan de l’Alliance présidentielle, Mokri a estimé que son action «n’a servi ni la classe politique ni le pays», bien que, consent-il, «cela avait été une grande expérience pour le parti». Il a aussi qualifié de «grande expérience» dont il faut s’inspirer la réussite du parti islamiste AKP en Turquie.
Amine Sadek
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