Pourquoi la Turquie veut la tête de Bachar Al-Assad
L’information selon laquelle la Turquie envisage d’exploiter les richesses pétrolières et gazières du Kurdistan donne un éclairage supplémentaire pour expliquer les raisons qui poussent le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, à en finir avec Bachar Al-Assad. Le président syrien est le dernier rempart contre l’éclatement de la Syrie et constitue un obstacle sérieux aux ambitions d’Erdogan de dominer la région après avoir agi pour disloquer les pays qui la composent, particulièrement l’Irak et la Syrie. Le site d’information elaph révèle que la Turquie a été mise en garde, notamment par les Américains, contre le risque de porter atteinte à l’unité et la stabilité de l’Irak en alimentant les tendances sécessionnistes qui conduiraient à son éclatement. La guerre provoquée en Syrie par les groupes terroristes soutenus par les pays occidentaux a contribué à détacher la partie kurde de ce pays, ce qui a renforcé la perspective de l’émergence d’une entité kurde à cheval sur les territoires actuels de l’Irak et de la Syrie. Le projet turc est en cours de réalisation si l’on en croit les indications données par Erdogan lui-même qui a annoncé qu’une société turque va s’associer avec le géant pétrolier américain Exxon Mobil dans le nord de l’Irak pour mener des travaux d’exploration pétrolière. Un accord a été conclu entre les autorités régionales kurdes irakiennes et Exxon Mobil pour mener des travaux d’exploration dans le nord de l’Irak. Des concessions importantes seraient accordées par les autorités régionales kurdes à la Turquie pour prospecter de nouveaux gisements de gaz au nord du pays, en même temps que des tarifs préférentiels ont été concédés sur les exportations d’énergie vers la Turquie à travers un nouvel oléoduc d’une capacité de transport de 300 000 barils par jour, construit avec les Turcs. A l’avenir, le Kurdistan irakien pourrait exporter directement son pétrole brut sans passer par les pipelines appartenant à l’Irak. On sait que le pétrole et le partage de ses revenus sont au centre d’un conflit entre le gouvernement central irakien et les autorités de la région du Kurdistan. Le pétrole de cette région du nord de l’Irak avait toujours été transporté vers le marché mondial à travers un pipeline contrôlé par le gouvernement central. En novembre dernier, la presse avait rapporté le refus du gouvernement irakien d’autoriser la participation de la société pétrolière turque TPAO à un appel d’offres sur une licence d’exploration pétrolière. Les droits de l’Homme et la démocratie en Syrie sont le dernier des soucis d’Erdogan qui vise plutôt à dépecer et la Syrie et l’Irak pour pouvoir régner sans partage sur la région et ses richesses.
Kamel Moulfi
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