Gaïd Salah chez Bouteflika : hypothèses et interrogations
C’est un confrère de la presse électronique qui a eu l'insigne honneur d'annoncer la visite du chef d’état-major de l'ANP et du Premier ministre à Paris, pour s’enquérir de l’état de santé du Président. L’agence officielle APS qui n’a relayé l’information qu’à 19h, hier, car mise sous embargo, ne rapportera la nouvelle qu’en se référant à la Télévision nationale. Il y a dans cette façon vaudevillesque de communiquer sur la santé du chef de l’Etat comme un dilettantisme, une irréflexion, depuis l’accident vasculaire cérébral de Bouteflika et son évacuation en extrême urgence en France. Quelque part, au cœur de la force centrifuge du pouvoir, secoué ces dernières semaines par un imprévu mal venu, celui de l’absence forcée du premier responsable à quelques mois d’une échéance électorale qui sauvera le pays ou l’achèvera, il a été décidé qu’un ancien responsable de l’information à la présidence de la République sous Chadli devait être le premier à connaître les déplacements du patron de l’Armée et du chef de l’Exécutif. Comme il a été décidé que ce soit ces deux hommes qui se rendent au chevet du Président souffrant. Certes, en matière de communication, le niveau a été élevé du rang de chanteur de cabaret – en 2005, c’était le futur repris de justice Mohamed Khelifati qui avait pu accéder à la très hermétique chambre d’hôpital de Bouteflika – à celui de responsables militaire et politique. Mais dans le choix de ces deux hommes, il y a comme un grimoire qu’aussi bien l’observateur averti que le citoyen lambda peinent à déchiffrer : qui a décidé que ce devait être Abdelmalek Sellal et Ahmed Gaïd Salah et personne d’autre ? Le Président lui-même ? Son entourage ? Ses conseillers ? Les hypothèses son multiples et les réponses parcimonieuses. Certains pensent que les politiques, incapables de s’imposer par eux-mêmes, recourent comme d’habitude aux vieilles recettes qui consistent à se faire adouber par l’institution militaire ; d’autres entrevoient un message, à la veille des élections de 2014, pour faire ancrer l’idée que les militaires sont LES décideurs et les impliquer dans la gabegie des quatorze dernières années ; d’autres, enfin, disent que, au moment où une menace extérieure sérieuse frappe à nos portes, venant de nos frontières, la place d’un chef d’état-major est parmi ses gaillards et non aux Invalides.
M. Aït Amara
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