L’encre et la salive
Par M. Aït Amara – Notre information sur la mafia de la publicité a provoqué des colites ulcéreuses chez quelques-uns. Pour éviter tout amalgame, nous avons retiré la photo du directeur général de l’Anep, pour que nos lecteurs ne voient pas en lui la cible ou le coupable dans la gestion mafieuse de la publicité institutionnelle qui transite par l’agence qu’il dirige – par intérim – depuis le départ de son prédécesseur. Beaucoup de lecteurs nous ont, par ailleurs, reproché de «ne pas nommer les choses par leur nom» et d’entretenir une sorte de flou autour des membres de cette mafia qui ont abusé de leur fonction pour détourner légalement de l’argent public via des annonces publicitaires paraissant dans les dizaines de journaux qu’ils ont créés uniquement dans ce but mercantiliste. La désignation d’une ou plusieurs personnes concernées par ce «trafic d’influence» extrêmement juteux – il est question de plusieurs milliards de bénéfices chaque mois – par leur fonction suffisait, avons-nous estimé, à les identifier. Les échos qui nous sont parvenus indiquent, d’ailleurs, qu’ils se sont reconnus eux-mêmes. Dans cette information donnée par Algeriepatriotique, il se pose deux problématiques, néanmoins. La première d’entre elles réside dans le fait que notre article a pu gêner certains confrères sérieux qui vivent de la publicité de l’Etat mais qui s’échinent à remplir leur mission de service public dans des conditions rendues difficiles par ces parasites qui «siphonnent» cette forme d’aide indirecte qu’ils accaparent injustement sans être d’une quelconque utilité pour la communauté ; pas même pour leur parti. Plus grave, l’absence de scrupule chez ces éditeurs importuns fait que la plupart de ces papiers d’emballage de publicité ont vu le jour dans une seule région du pays : l’ouest. Cherchez l’anomalie ! La seconde problématique a trait à la décision de l’Etat de sévir pour mettre fin à ces abus. Or, bien que n’ayant pas pu confirmer de façon officielle cette information, il serait difficile aux responsables politiques de la démentir, tant cela reviendrait à dire que les hautes autorités du pays savent ce qui se passe et n’agissent pas. Auquel cas, elles seraient soit complices soit inaptes. Quoi qu’il en soit, Algeriepatriotique a soulevé un sujet tabou qu’aucun confrère n’a été en mesure de traiter, vu, à la fois, la menace qui pèserait sur tout journal qui dénoncerait ces pratiques mafieuses – car fragile –, et l’opacité totale qui caractérise la gestion de la publicité institutionnelle pour, justement, pouvoir orienter cette manne dans un sens ou dans un autre, en fonction d'intérêts bien particuliers. Le cas de Hichem Aboud en est l’illustration parfaite : le coupeur de gâteau a retiré cette rente à cet ancien agitateur aussi inexplicablement qu’il l’a lui a offerte dès son intriguant retour au pays. Argent et politique sont les deux attributs de cette publicité qui fait couler beaucoup de salive et peu d’encre.
M. A.-A.
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