FLN : les redresseurs se soulèvent contre Belayat
La crise s’exacerbe au FLN. Le mouvement de redressement s’attaque au secrétaire général par intérim, Abderrahmane Belayat, l’accusant d’être sous l’emprise des pro-Belkhadem. Lors d’un regroupement tenu aujourd’hui à la kasma 8 de la wilaya d’Oran, le chef des redresseurs, Abdelkrim Ababa, a tiré à boulets rouges sur Belayat et le bureau politique qu’il qualifie «d’illégitime», composé selon lui de pro-Belkhadem. «Le changement pour lequel nous nous battons depuis trois ans ne s’est pas encore produit. Le départ de Belkhadem n’était pas une fin en soi. Nous voulions remettre sur les rails le parti et lui permettre de redémarrer sur des bases solides. Malheureusement, ce n’est pas le cas aujourd’hui. Le bureau politique doit partir. Nous ne pouvons plus continuer à travailler de la sorte, car ce sont les anciens collaborateurs du secrétaire général destitué qui continuent à tirer les ficelles», fulmine Abdelkrim Ababa, qui dit tout le bien qu’il pense de Belayat et son équipe. Les redresseurs accusent sans détours Belayat de rouler pour Belkhadem et de mettre à exécution un «plan diabolique concocté dans les sous-sols du parti». Entouré notamment de Mohamed-Seghir Kara et Meziane Chaouki, deux autres membres du directoire du mouvement des redresseurs, Abdelkrim Ababa met en garde contre toute tentative d’imposer un successeur de la même «famille» que Belkhadem. Pour lui, rien ne peut se faire avec ce bureau politique qui accentue les divisions au sein du FLN. Les redresseurs se lancent ainsi dans une campagne massive auprès des militants pour les convaincre de rallier leur mouvement et d’appuyer leur nouvelle démarche visant à renouveler les instances dirigeantes de l’ex-parti unique sans attendre les décisions du bureau politique. Avant le regroupement d’Oran, l’équipe de Abada a fait sensation à Annaba en s’attaquant vendredi au «milliardaire» régional Bahaeddine Tliba qui siège à l’APN. Des accusations qui portaient sur sa volonté d’acheter au prix fort le poste du SG pour faire revenir son «ami» Belkhadem. Les manœuvres de Tliba agacent de plus en plus les redresseurs qui décident ainsi de sortir l’artillerie lourde pour lui faire barrage. Et pas que lui ! L’équipe de Abada n’a pas épargné Mohamed Djemaï, autre puissant homme d’affaires qui veut peser par le poids de sa fortune dans les choix futurs du FLN et bien conserver sa place privilégiée de vice-président du groupe parlementaire. Pour Mohamed-Seghir Kara, «il y a bien une réelle volonté du bureau politique de pousser le parti au pourrissement». D’où, estime-t-il, «la nécessité d’agir rapidement et de remobiliser la base pour défendre les intérêts du parti et repousser cette croisade contre le FLN». Après l’est et l’ouest, les redresseurs comptent ainsi organiser un autre rassemblement au centre, à Blida ou Béjaïa, dès le début du mois de Ramadhan. Ils estiment qu’il n’y a plus de temps à perdre et que «les militants ont trop attendu pour rien». Le divorce annoncé entre l’équipe de Belayat et les redresseurs conduits par Abdelkrim Abada n’augure rien de bon pour l’avenir du FLN qui reste sans chef depuis janvier dernier.
Sonia B.
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