Qui a autorisé l’affichage de messages salafistes sur des panneaux publicitaires géants à Béjaïa ?
De curieux panneaux publicitaires à connotation salafiste attirent l’attention des automobilistes le long de la RN26, reliant Béjaïa à Alger, depuis quelques jours. Un paysage qui rappelle, toutes proportions gardées, les années noires du FIS, où les routes nationales étaient parsemées de slogans et d’écriteaux islamistes. Sur ces panneaux géants, loués, dit-on, par un homme d’affaires islamiste, on peut lire des slogans religieux et des hadiths prohibant les boissons alcoolisées, d’autres incitant à la prière et au jeûne. Beaucoup de citoyens y voient une forme de provocation ou une tentative d’intrusion de l’idéologie salafiste dans une région traditionnellement réfractaire à l’extrémisme religieux. De Tazmalt à Ireyyahene, en passant par Ighram, des groupes de jeunes tentent d’alerter l’opinion sur ce qui leur paraît comme un «grave dépassement», en diffusant des photos de ces panneaux à travers les réseaux sociaux. Mais la question qu’on ne peut s’empêcher de se poser, ici, est de savoir comment de telles affiches ont pu être placées sur un trajet de 100 kilomètres, à l’insu – ou avec l’assentiment – des pouvoirs publics. Lorsqu’on sait que la diffusion publique du discours religieux est du seul ressort des Affaires religieuses, qui a aussi un droit de regard sur l’activité de toutes les associations religieuses, la responsabilité du département de Ghlamallah et, plus précisément, de la direction des Affaires religieuses de la wilaya de Béjaïa, est entièrement engagée. Une responsabilité toutefois partagée avec les autorités locales qui sont habilitées à octroyer des autorisations et à veiller à l’ordre public. Une enquête doit être diligentée pour faire la lumière sur cette affaire. Nous y reviendrons.
Rabah Aït Ali
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