Fabius et l’islam
Par Kamel Moulfi – «Faites ce que je dis, ne faites pas ce que je fais.» Laurent Fabius a-t-il été inspiré par ce conseil évangélique, lui, le laïque jusqu’au bout des ongles, pour nous encourager à admettre dans nos pays l'islam politique ? En recevant les ambassadeurs des Etats membres de l’OCI (Organisation de la conférence islamique) le 10 juillet à Paris, à l’occasion de l’iftar, le ministre des Affaires étrangères français a affirmé la conviction de la France (pays laïque), exprimée par François Hollande, que «l'islam et la démocratie sont compatibles». En lançant cette profession de foi à Tunis, le président Hollande voulait-il plaire à Ghannouchi spécialiste de la «voie progressive» dans l’instauration de l’Etat théocratique ? Car sa déclaration ressemble à un véritable appel du pied aux islamistes. On comprendrait dès lors le soutien de Paris aux islamistes en Syrie… Alors que l’expérience de l’Algérie et aujourd’hui celle de l’Egypte ont montré qu’il ne faut pas mélanger islam et politique, Laurent Fabius cherche, au contraire, à impliquer plus encore la religion dans la politique, par une forme d’ingérence, qui ne dit pas son nom, dans les affaires intérieures des pays musulmans, particulièrement ceux de la région en proie à l’instabilité. Un article publié par Algeriepatriotique (12 octobre 2012) rapportait le contenu d’une vidéo divulguée sur Internet ayant trait à une rencontre entre le chef d’Ennahda, Rached Ghannouchi, et les salafistes tunisiens. Dans la vidéo, Ghannouchi conseille aux salafistes de patienter et d’accumuler les acquis sans se précipiter parce que l'armée et la police en Tunisie ne présentent pas de garanties de les suivre et sont encore dominés par les laïques. Il leur demande de «remplir», dans l'intervalle, le pays d’écoles religieuses et coraniques et de créer des stations de radio et de télévision car «les gens (en Tunisie) sont encore ignorants de l'islam». Il dévoile, en fait, ses véritables intentions de mettre en application, le moment venu, le programme des salafistes en dépouillant l’Etat de son caractère civil pour le remplacer par un Etat islamique. Il ne faut jamais oublier que les islamistes arrivent au pouvoir par la démocratie pour y mettre un terme et ne plus quitter le pouvoir.
K. M.
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