Les donneurs de leçons
Par Kamel Moulfi – Malgré le conditionnement que lui fait subir l’appareil de propagande des services de sécurité, à travers les médias particulièrement, l’opinion publique américaine reste traversée par un fort courant d’opposition à la politique extérieure agressive des Etats-Unis. On a vu comment dans le passé, sous le pouvoir du va-t-en-guerre Richard Nixon, les campus américains vibraient du mot d’ordre «paix au Vietnam !». On le constate aujourd’hui avec les protestations qui viennent de l'intérieur des Etats-Unis pour faire cesser les guerres d’agression contre l’Irak et l’Afghanistan. Mais, curieusement, les officines américaines, telles l’USAID, estiment que les Etats-Unis sont exempts de l’exigence d’«être à l’écoute de son opinion publique» qu’ils cherchent à imposer aux autres pays. L’USAID vient de dévoiler une stratégie qu’elle veut faire appliquer aux «autres», dans laquelle elle déclare que «les voix des citoyens et l'expression civique sont essentiels si l’on veut construire et soutenir des sociétés démocratiques». Publiée ce mois juillet, cette stratégie est mal tombée au moment où l’ex-consultant informatique de l’Agence de sécurité nationale (NSA), Edward Snowden, pourchassé par Washington, révèle la surveillance illicite dont sont l’objet tant les citoyens des Etats-Unis que les ressortissants des autres nations, dans le cadre du programme secret appelé «Prism». Courriers électroniques, conversations téléphoniques, rien n’échappe à l’œil et aux grandes oreilles du Big Brother qui inspire l’USAID. Le jeu de mots est facile : la Maison-Blanche «écoute» tout le monde mais ne fait qu'à sa guise. Où est la liberté ? Où sont les droits de l’Homme ? Où est la justice ? Il y a quelques jours, à New York et dans d'autres villes américaines, des marches de protestation ont eu lieu suite à l'acquittement de George Zimmerman pour le meurtre de Trayvon Martin, jeune Noir qu’il a tué en février 2012 en Floride. Les Etats-Unis sont mal placés pour donner des leçons aux autres en matière de démocratie, de liberté et de droits de l’Homme. La liste des preuves est longue mais il suffit seulement de citer les traitements inhumains infligés aux détenus de Guantanamo.
K. M.
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