DRS par-ci, DRS par-là
Par Karim Bouali – Parmi les nombreuses rumeurs qui tournent en orbite autour des médias algériens en ce moment, il y en a une qui sort incontestablement du lot. Elle parle d’une supposée rencontre entre le chef du DRS et un ancien Premier ministre. Pour discuter de quoi ? La rumeur ne le dit pas, mais elle laisse supposer que l’échéance de l’élection présidentielle prévue en avril 2014 n’y est pas étrangère. Que cette rumeur s’avère une information vraie ou qu’elle relève du ragot cueilli dans un «entourage» à défaut d’une «source sûre», elle présente tout de même un intérêt pour deux raisons. D’abord, elle suggère que le Président n’est pas en mesure lui-même de procéder à ce type de consultations qui sont courantes s’agissant d’un chef de l’Etat et d’un responsable d’une formation politique qui fait partie de sa majorité parlementaire. Sinon, pourquoi le patron du DRS aurait-il reçu, toujours selon la rumeur, l’ancien chef du RND et ex-Premier ministre, Ahmed Ouyahia ? Deuxième intérêt présenté par cette rumeur : elle sous-entend que le choix du futur président se fera, comme avant, par cooptation. Il sera plus «désigné» qu’«élu». Ce qui peut paraître surprenant dans cette rumeur, c’est qu’elle expose des «faits» comme s’ils se passaient dans les «normes». Or, il est bon de rappeler que les prérogatives du DRS sont clairement définies par les lois de la République. Elles ne sont pas politiques. Elles ont trait à la sécurité de l'Etat à travers la collecte de renseignements, les enquêtes dans le cadre de la police judiciaire – le DRS dispose en effet d'une police judiciaire, à l'instar de la Sûreté et de la Gendarmerie nationales – et aux opérations armées ciblées comme dans la prise d'otages de Tiguentourine. Il est utile également de préciser que le patron du Département du renseignement et de la sécurité est sous l'autorité du ministre de la Défense, c’est-à-dire du président de la République à qui il revient de décider. Aussi, cette rumeur n’est-elle pas innocente dans ce contexte de maladie du président Bouteflika. Qui cherche à semer le trouble dans l’esprit des Algériens en faisant croire que l’armée aurait pris le pouvoir et préparerait déjà la succession du président en exercice ?
K. B.
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