Crise au FLN : ce sera à Bouteflika de décider
Aucune solution n’est possible au sein du FLN. «Les divergences sont telles qu’il n’est plus possible de négocier quoi ce soit», affirme un député de l'ex-parti unique. Les différents protagonistes, qui se livrent une bataille sans merci depuis janvier dernier – mois de la destitution de Abdelaziz Belkhadem – ne sont plus dans une logique de négociation et de compromis. Chaque partie cherche à prendre le dessus sur l’autre pour contrôler à elle seule cette formation très importante pour les échéances électorales futures, ajoute notre source. «L’actuel coordinateur du bureau politique (BP), Abdelhamid Belayat, se voit disqualifier par ses pairs, mais refuse de remettre le tablier parce qu’il a des soutiens ailleurs», précise notre interlocuteur. Les autres membres du BP qui conteste le pouvoir de Belayat sont eux-mêmes rejetés par le mouvement de redressement qui, lui, appelle à la dissolution de la direction actuelle et à la désignation d’une direction collégiale pour gérer les affaires courantes du parti jusqu’à la tenue d’un congrès extraordinaire. Ainsi, il n’y a plus d’entente possible entre eux. «Chacun tire le drap de son côté et nul n’est prêt à faire des concessions pour le bien du parti», tonne notre source qui craint le pourrissement dans les prochaines semaines. Dans ce contexte de crise sans précédent, des voix de plus en plus nombreuses interpellent le chef de l’Etat, de retour au pays depuis un mois après une hospitalisation en France. Pour ces cadres militants, il n’y a plus que le président Bouteflika qui pourrait les tirer d’affaire et mettre un terme à cette guerre fratricide qui est loin de s’estomper. Nous avons appris que des émissaires ont été envoyés au chef de l’Etat, qui est également le président (d’honneur) du FLN pour qu’il lance un signal à l’adresse des différents protagonistes afin de leur signifier «la fin de la récré». Mais d’après les mêmes sources, le président Bouteflika, qui s’est toujours réclamé le président de tous les Algériens, refuse d’intercéder pour une partie ou une autre. Pour lui, c’est aux cadres et militants de trouver un terrain d’entente et une sortie de crise qui permettrait au FLN de retrouver son unité. Son entourage met en avant le fait que le président Bouteflika n’avait aucunement intervenu lors de l’opération de destitution pour aider Abdelaziz Belkhadem, pourtant très proche de lui. Alors, quelle solution pour cette crise qui perdure depuis trois ans et qui s’est particulièrement accentuée depuis la destitution de Belkhadem ? Le Président va-t-il changer d'avis ? Rien n'est sûr. Certains observateurs craignent l’implosion de ce parti, fortement investi ces dernières années par les hommes d’affaires et dont la base militante plutôt prolétaire est en déphasage avec les dirigeants actuels. Contrairement au RND où les choses se présentent plutôt mieux avec un congrès en vue en décembre prochain, le FLN se trouve dans une impasse. Le conflit reste, pour le moment du moins, sans issue. La guerre qui a éclaté à l'APN sur le renouvellement des instances parlementaires du parti est illustrative de cette profonde crise.
Sonia Baker
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