C’est une affaire d’Etat
Par R. Mahmoudi – L’affaire Hichem Aboud cristallise une véritable crise dans la gestion des affaires de l’Etat, au plus haut niveau de la hiérarchie, et trahit un schisme qui ne dit pas son nom. Tous les lecteurs s’interrogent, d’ailleurs, sur les tenants et aboutissants de cette escapade d’un homme qui continue à diriger ses deux journaux à partir de son exil et même à y signer des éditoriaux pour narguer ses détracteurs, sans être inquiété. Y a-t-il deux Etats au lieu d’un ? Celui plutôt régalien qui l’a, à travers la justice, soumis à une interdiction de sortie du territoire national, et un autre, agissant en parallèle mais dans l’opacité, qui l’aide à traverser la frontière en se faisant cacheter le passeport avec un faux tampon et qui lui assure la parution de ses titres au niveau des imprimeries publiques ? On est, en effet, autant intrigué par l’attitude d’un journaliste ambigu se prêtant à un jeu suspect que par cette dichotomie entre deux volontés qui donnent l’air de cohabiter, mais qui cachent mal une profonde rivalité politique et idéologique au sein du pouvoir. De nombreux commentaires de lecteurs postés dans notre site – ignorant tous les enjeux ou intoxiqués par une propagande ancrée – ne s’expliquent pas tout l’intérêt que nous accordons à cette «histoire» et estiment même que nous nous acharnerions sur un personnage qui défendrait des idées ou une position politique contre telle ou telle personne influente. Or, l’enjeu est tout autre : cette affaire et son «héros» sont l’illustration d’un clanisme qui mène l’Etat vers la dérive. D’où cet impératif de mettre le holà.
R. M.
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