Au diable 200 milliards !
Par M. Aït Amara – Quand, dans les années 1990, les caisses étaient vides, la dette était abyssale, le terrorisme faisait rage et les lendemains étaient incertains, les Algériens n'ont souffert ni de famine ni d'exode massif. Pourquoi ? Parce que conscients qu'il n'y avait rien à attendre de l'Etat, ils étaient obligés de se retrousser les manches pour gagner leur vie. Depuis que les prix du pétrole se sont envolés et que les caisses se sont remplies, par une disposition de faveur divine, le système actuel, au lieu d’expliquer que la situation du pays est catastrophique, au sortir de dix années de violence et d'instabilité, et que ce qu'il reste à faire nécessite autrement plus d'argent que les 200 milliards engrangés jusqu’à maintenant, en transformant une richesse souterraine en billets verts, l'Etat s'est mis à distribuer cette manne à tire-larigot, créant une sorte d'usufruit où tout le monde a droit à sa part du gâteau, qu’il soit utile ou non au pays. Et plus la fonction est proche de la décision, plus la jouissance du bien est permise et grande. Cette situation a créé deux phénomènes : une revendication permanente dans les couches moyennes, confortant plus que jamais la logique de la dépendance et de l’assistanat, et une gabegie inégalée dans les niveaux supérieurs de la société, qui a donné naissance à une corruption tous azimuts. Abdelmalek Sellal a tenté de corriger le tir en affirmant, dans une de ses sorties drolatiques, que cet argent servirait aux périodes de disette. Mais quand on a habitué le bébé à la téterelle pour l’endormir, lui retirer cet accessoire indispensable pour une tranquillité éphémère risque de rendre son réveil épuisant pour ces maîtres patelins qui nous gouvernent par la flatterie et la promesse de Gascon.
M. A.-A.
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