Dépenses publiques : quand la politique prime sur l’économie
La politique d’austérité défendue, bec et ongles, par le ministre des Finances semble avoir été renvoyée aux calendes grecques. Karim Djoudi, qui s’apprête à remettre au gouvernement le projet de loi de finances pour 2014, exclut toute mesure visant à réduire l’astronomique budget d’équipement de l’Etat. Dans un long entretien accordé à l’agence officielle APS, le ministre des Finances s’est montré clair et ferme sur le sujet : l'Algérie ne compte pas recourir à une réduction de ses dépenses d'équipement pour maintenir ses équilibres budgétaires. Karim Djoudi réaffirme, néanmoins, que le gouvernement s’engage à mener une politique budgétaire «prudente» avec des dépenses de fonctionnement «bien maîtrisées». «A l'état actuel de notre économie, une réduction de nos dépenses d’équipement impacterait immédiatement et de manière négative la croissance, particulièrement dans les secteurs du bâtiment et des travaux publics, détruirait l’emploi et réduirait le pouvoir d’achat des citoyens», a-t-il soutenu tout en reconnaissant que les dernières augmentations des dépenses publiques venaient appliquer des décisions «éminemment politiques». Karim Djoudi a déjà fait des déclarations presque alarmantes sur les dépenses outrancières de l’Etat et sur les transferts sociaux de plus en plus importants et pesants sur les équilibres macroéconomiques du pays. Qu’est-ce qui peut expliquer ce revirement ? On sait que le Premier ministre, dans la continuité de la politique du chef de l’Etat, est porté sur la dépense pour apaiser le front social et faire fonctionner le pays à travers l’importation à tout-va. Bien qu’elle ait prouvé ses limites, cette politique populiste a porté ses fruits sur le plan politique. Il est donc clair qu’entre la nécessité de préserver les équilibres financiers du pays et celle de maintenir la stabilité politique, le choix du gouvernement est vite fait. Surtout dans un contexte marqué par l’approche de l’élection présidentielle de 2014. Une élection de toutes les incertitudes. La logique économique semble ainsi avoir été sacrifiée sur l’autel de la politique.
Sonia B.
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