Simulacre de liberté
Par Kamel Moulfi – Quand on a publié trois livres coécrits avec Noam Chomsky, on est automatiquement ce qu’on appelle une voix autorisée. Le professeur Edward S. Herman, dont Algeriepatriotique publie une interview fort intéressante, connaît parfaitement le monde des médias. Le lecteur a été sans doute abasourdi par ses propos qui détruisent le mythe de la liberté de la presse aux Etats-Unis et, au passage, celui du Premier Amendement de la Constitution américaine qui protègerait la liberté de la presse. En fait, il n’y a rien à protéger, les grands médias sont à la solde, au sens propre, du gouvernement, nous révèle le professeur Herman : «Les médias aux Etats-Unis sont de grandes entreprises qui dépendent de la publicité institutionnelle pour leur revenu et du gouvernement pour les informations sur les affaires mondiales. Bien que libres légalement, les médias suivent les lignes du gouvernement sur les affaires étrangères et représentent en général les intérêts de l'élite dominante et non ceux du citoyen ordinaire.» Cela ne signifie pas que les professionnels des médias aux Etats-Unis sont «tous pourris». Le professeur Herman donne l’exemple de deux personnes que l’humanité devrait élever au rang de héros de ce XXIe siècle, Julian Assange (Wikileaks) et Edward Snowden, des «lanceurs d’alerte», comme il les a qualifiés. Eux ont osé dire la vérité, ce qui leur a valu les menaces de prison et même de mort. Le Premier Amendement ne les concerne pas, ils en sont exclus, il n’y a pas de liberté d’expression pour eux. Aux Etats-Unis, «il y a un simulacre de liberté de parole, mais les médias mainstream suivent les lignes du parti et colportent de gros mensonges», nous dit le Pr. Herman. Il nous explique comment «un super-système de propagande», mis en œuvre par les médias américains aux ordres du pouvoir lié aux intérêts du complexe militaro-industriel, joue avec les mots et impose leur signification, comme «génocide» dont les seuls auteurs ne peuvent être que les dirigeants des pays cibles des Etats-Unis mais jamais ceux qui donnent les ordres à partir de la Maison-Blanche. Pourtant, les faits sont là, cités par le professeur Herman.
K. M.
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