Lapidables !
Par Karim Bouali – «Lapidez-nous si nous dévions de la voie», cette formule du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, lancée au cours de sa visite à Sidi Bel-Abbès, correspond parfaitement à l’air du temps avec la période du hadj. De plus, elle ne comporterait aucun risque puisque, pour lui, le programme de Bouteflika a été «globalement atteint», selon ses propres propos. Cependant, ce n’est pas l’avis dominant dans l’opinion publique, exprimée dans des griefs faits au pouvoir et dont chacun peut vérifier qu’ils ne sont pas du tout fantaisistes : école sinistrée, économie chancelante, société disloquée, corruption, bureaucratie hypertrophiée, insécurité, insalubrité, démission totale des pouvoirs publics, lenteurs incroyables dans la réalisation des projets (presque tous en retard ou mal finis), classements humiliants par rapport au reste du monde dans pratiquement tous les domaines (NTIC, corruption, indices de développement, IDE, banques, universités, etc.) , transbahutement de ministres d'un secteur à un autre sans qu'ils aient fait preuve d'efficacité ou d'une quelconque compétence, absence totale d’autorité… Ces graves insuffisances qui persistent sont les principaux sujets de discussion dans la rue et elles sont, de façon plus que récurrente, traitées, en long et en large, dans les médias. Nul observateur sérieux ne peut ignorer leur existence et nier cette triste réalité. Certes, on peut nous rétorquer que sur l’autre colonne du bilan sont inscrits des «réalisations» qui font que le tableau serait moins sombre : l’autoroute Est-Ouest, le métro à Alger, le tramway dans trois grandes villes, le nouvel aéroport international, l’eau H24 à Alger, un ou deux projets qualifiés de «méga»… et puis plus rien. C’est cela le «globalement atteint» ? Il faut poser la question aux 16 harraga de Mostaganem qui ont tenté, il y a un peu plus d’une semaine, de quitter illégalement le pays en traversant la Méditerranée au risque de subir le même sort que les «sacrifiés».
K. B.
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