Plusieurs sites électroniques marocains opposés au pouvoir bloqués
Les tirs groupés de la presse marocaine contre l’Algérie laissent penser qu’il existe un certain unanimisme concernant la question du Sahara Occidental. En réalité, la monarchie absolutiste chérifienne contrôle d’une main de maître les médias afin de prévenir tout son de cloche différent et discordant. Les rares voix divergentes sont vite étouffées par le Makhzen et le cabinet noir du roi Mohammed VI. La cabale judiciaire contre le journaliste Ali Anouzla est la preuve la plus édifiante de la volonté du royaume de museler la presse qui doit obéir à une ligne éditoriale formatée pour ne laisser apparaître que les idées qui cadrent avec la version officielle. Ce trublion est présenté comme étant un «terroriste», accusé des pires maux qui menacent le pays. Les autorités marocaines usent de moyens dignes d’une dictature pour arriver à leurs fins. Dès qu’un organe de presse s’éloigne du troupeau, on s’ingénie à l’encercler pour l’y reconduire. Il en est ainsi des journaux électroniques lakome.com et fr.lakome.com qui ont fait les frais de cette politique autoritaire. Les deux sites web sont bloqués depuis deux semaines par Maroc Telecom et Inwi sur l'ensemble du territoire marocain. En bons soldats, ces deux entreprises se sont évertuées à interdire aux Marocains l’accès au site web fr.lakome.info créé le 17 octobre avec un nouveau nom de domaine. Même le site miroir lakome.reflets.info, mis en place par le site français Reflets.info le 17 octobre, n’a pas échappé à la censure. Le site en question, dont Ali Anouzla est l’un des fondateurs, tente tant bien que mal de survivre face aux coups de boutoir des agents makhzenistes qui veulent faire taire toute opposition. Les sujets marocains habitant la capitale Rabat sont même privés de certains services d'Amazon (Instagram, Pinterest, Heroku), eux aussi bloqués sur l'ADSL Maroc Telecom depuis le 19 octobre. Il est bien ardu d’être anticonformiste chez le pays voisin où seule une certaine presse qui accepte de s’adonner au lavage de cerveau de l’opinion publique a voix au chapitre. Les sujets les plus serviles du roi vont jusqu’à avoir recours au chantage économique pour faire courber l’échine des plus récalcitrants. Ces derniers doivent batailler pour se maintenir dans le paysage médiatique marocain. Le Makhzen a la main lourde lorsqu’il s’agit de châtier la presse réfractaire.
Sonia Baker
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