Querelle de salon
Par Kamel Moulfi – Si l’état des relations algéro-marocaines n’était pas aussi grave et les risques de dérapages si inquiétants, le jeu de mots qui a fait le titre de cet édito aurait sans doute contribué à détendre l’atmosphère et à mettre une note d’humour dans une situation ramenée à des dimensions raisonnables. De quoi s’agit-il ? «Les livres marocains sont arrivés depuis des jours à Alger et n’ont toujours pas été acheminés vers la foire, qui a ouvert ses portes avec nos stands déserts.» C’est la déclaration de Hassan Ouazzani, directeur au ministère de la Culture marocain, qui a assuré que les stocks de livres des maisons d’édition marocaines, participant au 18e Salon international du livre à Alger, étaient arrivés au port d’Alger depuis des jours et que, «bizarrement», ils y sont bloqués, alors que la salon a ouvert officiellement ses portes ce mercredi. La cérémonie d’ouverture de ce salon s’est donc faite avec des stands marocains qui auraient été voulus déserts par les responsables algériens. Des sources sur place, parmi les exposants marocains, ont indiqué, selon l’agence MAP, que les autorités algériennes ont justifié ce retard par une «erreur technique» survenue au niveau de la douane. Le pouvoir algérien se venge-t-il sur les livres marocains ? Personne ne le croirait. L’explication est à chercher ailleurs et il ne serait pas surprenant de découvrir une autre forme de provocation de la part des services du Makhzen. Mais, naturellement, les médias marocains ne manqueront sans doute pas l’occasion de relayer et d’amplifier les propos de Hassan Ouazzani, pour alimenter encore la campagne de dénigrement contre l’Algérie. Dans tous les cas, la responsabilité incombe entièrement au Maroc qui – comme l’a relevé le ministère algérien des Affaires étrangères –, en rappelant pour consultations son ambassadeur à Alger, sans justifications sérieuses, a choisi l’escalade à partir de motifs fallacieux et attentatoires à la souveraineté de l’Algérie. Les responsables algériens ne perdent pas l’espoir que cette situation de tension soit rapidement dépassée. A condition, encore une fois, que le Maroc mette un peu de retenue dans sa façon d’appréhender ses relations avec l’Algérie.
K. M.
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