Les vœux discrets du roi Mohammed VI à Bouteflika
Il était difficile, au milieu du tumulte suscité par la décision de Rabat de rappeler son ambassadeur suivie par l’arrachage de l’emblème national au consulat d’Algérie à Casablanca, de prêter attention au message de vœux adressé par le roi du Maroc, Mohammed VI, au président Bouteflika, à l’occasion du 1er Mouharram. C’est la télévision publique, l’ENTV, qui, dans son journal télévisé d’hier soir, a égrainé les noms des chefs d’Etat musulmans qui ont adressé leurs messages de vœux habituels à l’occasion de cette fête religieuse. Dans d’autres circonstances, un tel geste du roi du Maroc aurait paru anodin. Mais le comportement hostile et les provocations incessantes de ce pays voisin font que le message de Mohammed VI doit être lu entre les lignes. En effet, après l’escalade voulue et programmée par Rabat, les autorités marocaines, face à la réaction froide d’Alger, ont été pris au piège de leur propre jeu. Incapable d’aller plus loin dans sa logique belliqueuse, le Makhzen a dû mettre de l’eau dans son vin en renvoyant son ambassadeur Abdallah Belkaziz à Alger, où il est en poste depuis 2006. Entretemps, gênés mais obligés de calmer le jeu suite à la violation de l’enceinte diplomatique et du drapeau d’un pays étranger sur leur sol, les dirigeants politiques marocains, bien que jouant sur les mots, n’en ont pas moins exprimé leurs regrets quant à ce qu’ils qualifient d’«acte isolé», indiquant au passage que l’auteur de l’arrachage du drapeau avait été arrêté et qu’il allait être jugé. Ce que des vidéos qui circulent sur Internet démentent. Peu convaincus par les arguments de leurs homologues marocains, les responsables diplomatiques algériens ont réfuté cette thèse de l’acte isolé avancée par Rabat et exigé que l’Algérie soit associée à l’enquête sur cet acte condamné par l’ensemble des Algériens. Le Maroc calme le jeu, donc, et œuvre à rétablir ses relations avec l’Algérie en multipliant les gestes d’apaisement dont le dernier est ce message de vœux envoyé hier par Mohammed VI à Bouteflika. «Mais, relativisent des sources autorisées algériennes, cela ne suffira pas à laver l’affront fait à l’Algérie le jour de sa fête d’Indépendance à l'occasion de laquelle le roi du Maroc aurait sans doute pu rectifier le tir.» Il faut comprendre, par là, que la page n’est pas tournée et que le Maroc devra faire preuve de beaucoup plus de volonté pour arriver à convaincre l’Algérie de pardonner ce énième écart.
Sarah L.
Comment (30)