Saïdani s’entoure des anciens militants pro-Benflis pour soutenir un 4e mandat en faveur de Bouteflika
Amar Saïdani a tenu la réunion du comité central du FLN aujourd’hui à l’hôtel El-Aurassi dans les mêmes conditions que celles qui ont prévalu lors de la session extraordinaire de l’été dernier. Cousue de fil blanc, cette rencontre constitue, aux yeux des contestataires, une «suite logique du putsch du 29 août dernier». C’est, pour eux, la copie conforme de cette «mascarade» aoûtienne qui a fait du trublion Saïdani le secrétaire général du FLN. Si les organisateurs se félicitent de la présence de 288 membres et du vote par procuration de 23 autres, ce qui fait en tout 311 voix, aucune preuve matérielle n’existe pour attester de la véracité de ce chiffre important en ce sens qu’il représente presque la quasi-totalité du comité central composé de 328 membres. L’absence d’un huissier de justice renforce les réserves émises par les adversaires d’Amar Saïdani qui disent entamer la vérification de ces chiffres en contactant les membres du CC. Les organisateurs n’ont pas respecté les procédures d’usage dans ce genre de rencontre, comme l’appel un par un des présents et la vérification des procurations et de la qualité de leurs détenteurs pour qu’il n’y ait pas d’intrusion. Mais fort est de constater que la seule vérification effectuée était celle du badge délivré par eux-mêmes pour qui ils voulaient. Des personnes qui ne sont pas membres du comité central se sont ainsi retrouvées à l’intérieur de la salle et ont pris part aux travaux qui, faut-il le souligner, ont été expédiés en un temps trois mouvements. Pour les frondeurs, qui devraient réagir dans les prochains jours, le fait de n’avoir pas fait l'appel suffit pour douter de l’authenticité du chiffre donné par l’équipe d’Amar Saïdani, qui a déjà eu à faire participer des personnes non membres du comité central pour atteindre le quorum et avaliser la session. «Ils se moquent de nos militants qui sont cependant loin d’être dupes. Pour que le chiffre avancé soit vrai, il faut que le comité central soit composé de 500 membres. Car nous avons la preuve de la non-participation de 92 membres et la promesse du boycott de cette réunion faite par 43 autres membres, ce qui représente déjà 135 membres», indique un des animateurs du mouvement de redressement qui assure que des vérifications sont en cours pour s’assurer du nombre exact de membres présents à cette session. Pour les opposants à Amar Saïdani, ce chiffre est «illogique». «Le comble est que ce sont eux-mêmes qui ont soulevé les soupçons, car s’ils étaient sûrs d’eux. Pourquoi n’ont-ils pas fait l’appel comme le FLN a l’habitude de le faire en pareilles circonstances ?» ajoute notre source. Autre point relevé lors de cette réunion : la quasi-majorité des membres du bureau politique sont des anciens soutiens à Ali Benflis lors de sa malheureuse candidature de 2004 contre Abdelaziz Bouteflika. «Ce bureau politique déclare aujourd’hui son soutien haut et fort à la candidature d’Abdelaziz Bouteflika pour un 4e mandat, alors que la plupart de ses membres insultaient sur les plateaux de télévisions étrangères le président Bouteflika. Comme le vent tourne !» s’exclame, ironique, un fin observateur. Parmi les noms les plus illustratifs de ce que certains qualifient d’«opportunisme politique», Mohamed Alioui, le président de l’Union nationale des paysans algériens (UNPA). Ce dernier a été un fervent soutien à Ali Benflis avant de prendre le train en marche et de s’aligner sur le clan présidentiel. Il y a aussi Ahmed Boumehdi de Jijel, qui fait la pluie et le beau temps au sein des mouhafadhas d’Alger, Youssef Nehmoud, qui a mené campagne pour Benflis dans l’Oranais et Amar Ouazani, âgé de plus de 80 ans. Ce dernier, qui a fait perdre les élections de 2007 au FLN dans la wilaya de Médéa, a été injecté dans les rangs du parti par Abdelaziz Belkhadem en 2005. D’autres voix ayant soutenu bec et ongles Benflis en 2004, en versant dans l’invective à l’encontre de «l’adversaire» Bouteflika, se retrouvent aujourd’hui en première ligne au sein de la direction du FLN pour constituer le noyau dur de la campagne pour un 4e mandat. Il y également Yamina Meftali de Tizi Ouzou, Abdelkader Rahali, ex-directeur de campagne de Benflis à Tipasa, Mustapha Mazouzi, Mustapha Bachiri, Sadek Bouguetaya, Moussa Benhamadi et Mustapha Boualeg, tous connus pour avoir prêté allégeance à Mouloud Hamrouche dans les années 90 et, ensuite, à Benflis dans les années 2000. Amar Saïdani s’entoure ainsi des anciens «benflissistes» pour soutenir Bouteflika. Tactique ou leurre ? On le saura bientôt.
Sonia B.
Comment (20)