Ce qui attend Abdelmalek Sellal à Chlef
Conscient que les responsables locaux ne montreront pas au Premier ministre, Abdelmalek Sellal, en visite ce jeudi à Chlef, le véritable visage de la wilaya comme ils ont l’habitude de le faire en pareille circonstance, le bureau local de la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme vient d’adresser à l’hôte de la wilaya un long rapport qui constitue plutôt un réquisitoire sur les problématiques de développement et les conditions de vie difficiles des populations. Ce rapport en question, censé récapituler les différentes formes d’atteinte aux droits de l’Homme dans la wilaya pour l’année 2013, décrit une situation «dégradante» dans une région «qui n’a pas eu sa part de développement, comme cela a été le cas pour les autres wilayas du pays». Le bureau local de la LADDH y dénonce, notamment, «des pratiques scandaleuses de la corruption et de tous les agents vecteurs de prolifération de maux sociaux et fléaux attentant aux bonnes mœurs et menaçant de dépravation les jeunes générations montantes de notre wilaya en peine de reconstruction». Tout en réitérant sa condamnation ferme de la violence qui est devenue «courante» dans le milieu social et sa solidarité «agissante» avec les victimes, la LADDH tient à rappeler que Chlef a enregistré, durant cette année, «des contestations populaires récurrentes de citoyens en divers points de la wilaya, exprimant leur ras-le-bol de leurs conditions de vie misérables qui ne cessent d’empirer». La Ligue estime, à ce sujet, que le citoyen des zones rurales «a très peu bénéficié des atouts du développement de la wilaya pour ne pas dire qu’il n’a rien vu venir du tout de toutes ces sommes faramineuses qui ont été dépensées dans des projets qui se sont limités à l’édification d’équipements d’embellissement». Parmi les dossiers douteux sur lesquels la Ligue tient à interpeller le Premier ministre, figure celui d’un parc d’attraction public en cours de réalisation et dont le montant a atteint, d’après elle, «le coût astronomique dépassant celui de 1 000 logements». Un autre dossier, devenu récurrent celui-là, est également sur la table. Il s’agit des constructions en préfabriqué (baraques) destinées, dans un premier temps, à reloger les sinistrés du séisme du 10 octobre 1980. Plus de trente ans plus tard, constate la Ligue, les Chélifiens sont «de plus en plus dépités par l’incapacité à régler définitivement la question de ces baraquements et que les méandres d’une bureaucratie figée aggravent». La LADDH tente, par ailleurs, d’attirer l’attention des autorités sur un phénomène qui suscite, d’après elle, beaucoup d’interrogations parmi la population locale. Il s’agit de la prolifération des constructions anarchiques sur des terrains publics squattés, et ce, dans l’indifférence totale de l’administration. Sur le plan sécuritaire, le bureau de Chlef attire l’attention sur la criminalité croissante dans la région qui assiste à une hausse inquiétante des crimes meurtriers et des vols qui se sont multipliés de façon terrifiante dans les diverses zones de la wilaya. La Ligue relève que «les citoyens de la wilaya de Chlef subissent continuellement une marginalisation et une exclusion des postes de haute responsabilité, pratiquement depuis 1962 jusqu’à nos jours» et note «l’absence totale, jusqu’à ce jour, de langue d’enseignement amazighe dans la wilaya qui compte pourtant plus de 20% d’habitants s’exprimant en tamazight». La LADDH recommande, enfin, aux autorités d’«entreprendre des mesures urgentes et des initiatives appropriées à même de réduire cet écart socioéconomique profond et liquider les différentes formes de pauvreté, de marginalisation et d’exclusion».
Amine Sadek
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