Un prétexte d’intrusion
Par Kamel Moulfi – Le nouvel intérêt, post et néocolonial, des pays occidentaux pour l’Afrique est confirmé par la forte présence en Afrique du Sud, à l’occasion des obsèques de Nelson Mandela, de dirigeants d’ex-pays coloniaux et membres de l’Otan, mais aussi par l’intervention en République centrafricaine de l’armée française qui vient, d’ailleurs, de perdre deux de ses hommes à Bangui, dans un accrochage avec des milices composées de combattants musulmans. D’abord, les obsèques de Mandela : elles sont utilisées par les dirigeants occidentaux comme un prétexte d’intrusion qui se veut subtil mais que n’arrivent pas à camoufler les larmes de crocodile qu’ils ont versées après sa mort et l’overdose d’éloges dont ils ont gratifié celui que leurs prédécesseurs qualifiaient de terroriste. Mais aucun observateur sérieux ne se laisse duper par cette manœuvre. Ensuite, et c’est le plus significatif, les violences qui ont pris la tournure d’un conflit armé inter-religions en Centrafrique, entre milices musulmanes et chrétiennes, ont amené la France à intervenir comme un gendarme pour ramener le calme. Il n’est pas besoin d’être spécialiste du continent africain pour constater que l’influence de la France a énormément reculé alors que du temps de la colonisation, elle régnait sans partage sur une bonne partie de l’Afrique. Le Brésil, la Chine et l’Inde sont venus, dans un cadre sud-sud, concurrencer les intérêts économiques français en lui rognant une bonne part de ses marchés, et aussi ceux des Etats-Unis dont la propension au pillage des ressources naturelles des autres pays est connue de tous. Depuis quelques années, l’Afrique est vue comme un espace aux perspectives de développement très prometteuses et au marché de plus en plus attractif. Mais dans ce continent qui était en grande partie à elle, la France ne peut plus intervenir que militairement à partir de bases qu’elle a conservées dans des pays qui lui sont soumis. La compétition avec le BRIC en Afrique ne peut pas être soutenue par la France.
K. M.
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