Sans les Frères musulmans
Par Kamel Moulfi – La série d’attentats qui a frappé ces derniers jours l’Egypte n'augure rien de bon pour ce pays. Il semble bien que la situation ait atteint un point de non-retour et il est à se demander si l'Egypte n’est pas entrée de plain pied dans une zone de turbulence qui risque de la mener à la dérive comme en Syrie. Les autorités égyptiennes ont déclaré une guerre ouverte à l’organisation des Frères musulmans, considérée maintenant non plus comme partenaire politique, tel que c’était envisagé il y a quelques mois, mais comme un «groupe terroriste». Le gouvernement a promis une répression sans merci des activités des islamistes égyptiens. Il ne s’agit pas seulement de mesures contre la simple participation aux manifestations d’hostilités au pouvoir mais, de toute évidence, de dispositions visant plutôt à prévenir le passage de cette organisation au terrorisme. Les attentats ne paraissent pas inquiéter le gouvernement qui poursuit sa démarche de mise en œuvre de la feuille de route lancée après l’éviction de Morsi de la présidence égyptienne, en juillet 2013. Il a choisi d’exclure de cette transition les Frères musulmans, ce qui met fin aux illusions concernant l’éventualité d’un compromis qui leur aurait permis de participer à la vie politique à défaut d’en être la première force. Au contraire, ce qui se met en place, c’est l’alternative à la tentative des Frères musulmans d’imposer leur hégémonie dans la société égyptienne à partir de leur conquête des postes clés, à commencer par la présidence de la République. Fait significatif : le ministre de la Défense, le général Abdel-Fattah Al-Sissi, tombeur de Morsi, pourrait abandonner son poste pour devenir candidat à l’élection présidentielle. Cette idée, impensable au départ, fait son chemin. Le pouvoir égyptien se tromperait-il sur le rapport de forces dans son pays en sous-estimant les capacités de nuisance des Frères musulmans ? En tout cas, il compte sur le soutien d’une partie importante de la population pour imposer la transition qui doit s’achever mi-juin 2014 avec des élections législatives et présidentielles après le référendum sur la Constitution. Sans les Frères musulmans.
K. M.
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