L’autoroute Est-Ouest est-elle devenue un danger pour les usagers ?
Le scandale de l’autoroute Est-Ouest revient au grand jour. La façade extérieure du tunnel T3 de Djebel Ouahch, un des grands ouvrages de cette autoroute, est sérieusement altérée. Un éboulement s’est produit ce mercredi en fin d’après midi, provoquant sous l’effet de la panique un carambolage de plusieurs véhicules. Fort heureusement, il n’y a pas eu de victimes. Ce tunnel a été pourtant inauguré par l’ancien ministre des Travaux publics, Amar Ghoul, en septembre dernier. Autrement dit, il y a quatre mois seulement. Et il est logiquement construit pour résister à un séisme de magnitude 9. Cet effondrement a contraint les gestionnaires de l’ouvrage à interrompre la circulation routière, en attendant d’évaluer les dégâts et de s’assurer qu’il n’y a plus de risque sur les usagers de cet axe routier principal reliant Skikda à Constantine. Au-delà du niveau de gravité de cet écroulement et des dégâts occasionnés à l’ouvrage, la question des malfaçons constatées tout au long de cette autoroute revient avec acuité. Présentée comme le plus grand projet du siècle, l’autoroute Est-Ouest, non encore terminée cinq ans après la fin du délai de réalisation, part en lambeaux. Ayant coûté plus de 18 milliards de dollars et frappé d’un grave scandale de pots-de-vin éclaboussant le département d’Amar Ghoul, cette principale liaison routière traversant le pays de l’est à l’ouest constitue désormais une plaie béante dans l’économie nationale. Jamais une autoroute, construite au prix d’or, n’a connu autant d’imperfections et de malfaçons. Le tronçon entre la sortie du tunnel de Djebahia et Lakhdaria, qui s’étend sur 31 km, est actuellement en pleine réfection suite à de graves déformations survenues trois ans seulement après son ouverture à la circulation. Amar Ghoul, qui a eu à gérer ce projet, de son attribution à sa réception partielle, n’a à aucun moment émis des réserves sur la qualité des travaux dont les défauts apparaissent au fil des jours. Devant être achevés en 2009, les travaux de réalisation traînent en longueur. On annonce ainsi la réception de la partie orientale en 2016 et la réalisation des équipements la même année, soit dans deux ans. Le tunnel n°1, d’une longueur de deux kilomètres entre la zone de Djebel Ouahch (Constantine) et Didouche-Mourad, présenté comme l’un des plus importants à l’échelle mondiale avec une nature de sol accidentée et glissante, sera ouvert à la circulation d’ici le début de l’année 2015. Ce qui s’est passé sur le tunnel T3 résonne comme un avertissement. Le nouveau ministre Farouk Chiali a du pain sur la planche. Et l’ancien devra un jour s’expliquer sur cet immense gâchis qui n’empêche pas le Président de le maintenir dans le gouvernement.
Sonia B.
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