Commission d’inspection de l’APW d’Alger : «Nos écoles sont sales»
Une inquiétante absence d'hygiène et de propreté dans des établissements scolaires de la wilaya d'Alger, qui croulent sous la surcharge de milliers d'élèves, a été relevée par une commission de l'Assemblée populaire de la wilaya (APW), qui a inspecté mardi plusieurs écoles en prévision d'une conférence sur le secteur de l'éducation dans la capitale. En tournée dans des établissements du secteur (primaires, CEM, lycées) des communes de Saoula, Birkhadem et Bir Mourad Raïs, la commission a constaté la présence de décharges aussi bien à l'intérieur des écoles que dans les alentours immédiats des établissements. Les élus étaient scandalisés par l'état «plus que déplorable» des blocs sanitaires des écoles inspectées du fait des puanteurs qui s'y dégagent et de leur dégradation avancée, avec en prime des toilettes sans portes. Au quartier Boubakeur Boualem de Saoula, la délégation de l'APW, accompagnée par les autorités communales, a visité le CEM Rabah-Kaddour dont l'entrée fait face à un oued où sont déversées des eaux usées à ciel ouvert. Les élus ont visité quelques structures de ce CEM, où les toilettes n'ont pas de portes, avant de s'arrêter dans une salle qui fait office de laboratoire avec une évidente absence d'hygiène et de propreté des lieux, et également sans aucun équipement pédagogique. Interrogé par le chef de la délégation Mohamed Tahar Dilmi, président de la commission de l'éducation de l'APW, sur le manque d'hygiène dans cette salle, le directeur de l'établissement a répondu, souriant : «Mais, monsieur le président, le manque d'hygiène est partout.» A l'école primaire El-Aïnani-Allal de Saoula, la délégation a relevé plusieurs carences qui nuisent à la scolarité de 642 élèves. Ici, chaque coin est une occasion de constituer un débarras de mobiliers usagés. De plus, dans la cour, une classe en préfabriqué est transformée en logement occupé par un enseignant et sa famille. Dans les classes, les élèves d'El-Aïnani continuent d'utiliser la craie sur des tableaux en bois, contrairement à la plupart des écoles de la wilaya où on s'exerce depuis des années déjà sur les «tableaux magiques» à l'aide de marqueurs. Présents parmi la délégation, les responsables de l'APC de Saoula ont promis d'y remédier à compter de ce mercredi, notamment s'agissant du renouvellement du mobilier scolaire et l'éradication des différents débarras. Ils ont fait état d'un programme d'aménagement en 2014 des treize écoles primaires de la commune pour un montant de 33 millions de dinars. Inauguré en 1968, le CEM Colonel-Bougara de la commune de Birkhadem, qui accueille 1 075 collégiens est dans une situation qualifiée de «criminelle» par des élus et des agents de l'établissement. Ce CEM est un complexe scolaire doté d'une vaste salle polyvalente qui peut, selon des agents, abriter des activités de loisirs au profit des élèves de l'établissement et ceux des établissements environnants. Mais, au lieu de cela, cette salle est en partie utilisée comme classe d'études. Dans la cour, à la place des paniers à papier, on a placé des bidons de peinture vides. L'établissement souffre surtout du problème de l'étanchéité. Le plafond des classes du dernier étage est en lambeaux. Des travaux ont été engagés en 2012 pour y remédier, a-t-on précisé, mais le problème demeure entier. «Nous avions visité le CEM en 2010. J'ai personnellement fait le nécessaire pour que la wilaya dégage 15 millions de dinars pour la réhabilitation du CEM. Je constate que les problèmes sont toujours les mêmes, en dépit des travaux effectués», a déploré M. Dilmi. Pour les agents, la situation de l'établissement reflète l'instabilité de sa direction. «Le CEM a vu le passage de six directeurs depuis 2004. Il est devenu un établissement de transit. Chaque fois qu'un directeur est sanctionné par sa tutelle, il est envoyé ici», ont-ils estimé. Pourtant, l'autre CEM de Birkhadem, Thabet Ben-Kara, souffre lui aussi des mêmes problèmes malgré la «stabilité» de sa direction. Dans cet établissement, les membres de la délégation s'étaient dits «agressés» par une énorme décharge à l'intérieur même de l'établissement, et par les obscénités inscrites en gros caractère sur les portes de toilettes d'où se dégagent des odeurs nauséabondes. L'actuel directeur de ce CEM est en poste depuis 14 ans. La délégation est vite repartie de cet établissement. L'Assemblée populaire de la wilaya d'Alger doit organiser à la fin du mois de janvier les «états généraux» du secteur de l'éducation.
R. N.
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