Le clan, les lièvres et la rue
Par Kamel Moulfi – La focalisation du débat sur la candidature de Bouteflika à un quatrième mandat présidentiel va en s’accentuant, d’autant plus que sa «sortie» imposée par l’exigence légale du dépôt des signatures au Conseil constitutionnel «par le candidat» a renforcé le sentiment partagé quasi unanimement dans l’opinion publique sur son état de santé, qui l’a rendu otage du «clan présidentiel», appellation maintenant consacrée. Le président ne s’est pas adressé à la population, directement, depuis presqu’une année et il ne mènera pas personnellement sa campagne électorale qui sera confiée aux partis politiques qui le soutiennent. Ces derniers, ainsi que des responsables d’institutions officielles, n’ont d’ailleurs pas attendu la date fixée par la loi pour commencer à le faire. Cette mobilisation outrancière de toutes les institutions publiques au service du président-candidat a choqué ceux qui croyaient encore à la neutralité de l’administration algérienne dans les élections. Le Premier ministre n’a pas de gêne à se comporter comme un porte-parole du président-candidat et à faire campagne pour lui, à la faveur des tournées qu’il effectue dans les wilayas. Il est vrai qu’à l’exception de l’élite du pays, le reste de la population est indifférent à cette dérive. Mais il s’agit bien d’une forme de mépris évident pour les autres candidats, en premier lieu Ali Benflis qui est, pourtant, un produit du système, et qui a été même perçu, à un moment, comme une des «cartes» à jouer au cas où Bouteflika ne se serait pas présenté. En acceptant le rôle de rival du président-candidat, qu’attend Benflis ? Ne parlons pas des habituels lièvres comme Louisa Hanoune et Moussa Touati, auxquels s’ajoute un nouveau venu en la personne d’Abdelaziz Belaïd, qui savent qu’ils n’ont aucune chance, mais dont la fonction, qu’ils en soient conscients ou non, est de donner une nuance de crédibilité à une opération que Mouloud Hamrouche n’a même pas daigné commenter, la considérant sans consistance réelle. Mais personne n’attend une véritable riposte de la classe politique trop compromise avec le système en place. Elle pourrait surgir, plutôt, de la population, et particulièrement des jeunes. Le «clan présidentiel» l’a compris et s’applique à museler toute tentative de protestation populaire. Jusqu’à quand ?
K. M.
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