Le général Yala : «La présidentielle est un véritable coup d’Etat»
Le général Mohand-Tahar Yala a qualifié, ce dimanche, l’élection présidentielle du 17 avril prochain de «grande supercherie électorale», appelant tous les Algériens à se mobiliser pour faire échouer «le coup d’Etat contre la souveraineté du peuple». Invité du Forum du quotidien Liberté, l’officier supérieur de l’ANP à la retraite depuis 2005 s’est montré, une nouvelle fois, extrêmement critique à l’égard du pouvoir en place qui veut instaurer «un régime monarchique sur le mode dynastique», par le biais de ce rendez-vous électoral. «Parce que basé sur une fraude généralisée orchestrée de bout en bout, l’élection présidentielle à venir est un véritable coup d’Etat contre la souveraineté du peuple qu’on veut lui confisquer pour toujours», a assené le général qui estime, à ce propos, que «la nation est en danger». L’orateur considère d’ailleurs que «cette situation est intenable» car, explique-t-il, cela signifie «la fin de la République et de la souveraineté nationale». «Personne ne peut accepter cette dérive suicidaire pour le pays qui remet en cause les fondements même de la renaissance de l’Etat national tel qu’énoncé dans la déclaration du 1er Novembre 1954 et pour lesquels se sont sacrifiés des centaines de milliers d’hommes et de femmes», tonne Yala qui lance un appel, à cette occasion, «à toutes les Algériennes et tous les Algériens en Algérie ou établis à l’étranger à s’indigner et à se lever comme un seul homme pour dire non à la dérive». Il les invite, à ce propos, à «transcender la peur que le système maffieux a instaurée sournoisement pour les empêcher de revendiquer leurs droits légitimes à vivre dans la paix, la sécurité, la dignité pour eux et pour leurs enfants». Interrogé sur la mobilisation dont fait preuve le pouvoir en place pour contrecarrer les initiatives visant à accélérer le changement politique, l’invité de Liberté estime que «toutes les tentatives pour empêcher le changement échoueront» car, argue-t-il, «le changement est inéluctable». «Le peuple algérien est un peuple libre, décidé à le demeurer», ajoute-t-il, allusion au Préambule de la Constitution qui en fait référence. «C’est la majorité du peuple algérien qui aspire à un changement radical du système qu’ils veulent à tout prix maintenir. C’est tout le peuple algérien qui a perdu toute confiance en ses dirigeants», note l’ancien patron des Forces navales de l’ANP, qui ne manque pas l’occasion de s’adresser aux tenants du pouvoir en place. «A ceux qui profèrent des menaces contre les forces qui veulent le changement, nous leur disons qu’ils menacent l’ensemble du peuple algérien. Vous ne nous faites pas peur. Nous avons fait l’école du sacrifice et nous savons que c’est notre pays qui est en danger de mort. Nous n’avons pas peur du sacrifice suprême», réplique le général. Saluant la position de la moudjahida Djamila Bouhired qui «a donné de sa voix pour s’insurger face à l’inacceptable», Yala rend un hommage appuyé à toutes les Algériennes et tous les Algériens, personnalités nationales, militants des organisations des droits de l’Homme, dirigeants et militants des partis politiques, membres du mouvement associatif… qui «se mobilisent pour le changement». Comme alternative à l’impasse actuelle, le général plaide pour «un mouvement unitaire et pacifique pour libérer le pays de cette caste qui travaille contre les intérêts du pays et du peuple». L’invité de Liberté propose, à ce propos, «une transition politique dirigée par un collège de personnalités faisant un large consensus au sein de la société». L’objectif étant, d’après lui, de «mettre en place les mécanismes du dialogue national pour concevoir les institutions de la IIe République».
A. Sadek