Mensonges
Par Karim Bouali – Le mensonge comme argument électoral à défaut de la vérité que tout le monde constate, c’est à cette impasse que les partisans d’un quatrième mandat pour Bouteflika sont acculés par les questions de journalistes apparemment neutres, même s’ils travaillent dans une chaîne privée déjà acquise au pouvoir. La pratique du mensonge n’est pas nouvelle, mais, ces derniers mois, elle a pris de l’ampleur pour enrober les informations sur l’état de santé du président, données par des personnalités officielles qui intervenaient sur la télévision publique : «excellent !» disait-on non seulement pour rassurer l’opinion, inquiète à juste titre, mais pour la préparer à accepter l’éventualité du quatrième mandat. Jusqu’au jour où les Algériens ont pu voir et entendre la réalité véhiculée par l’image et – pour la première fois depuis sa maladie – le son, au moment de la présentation par Bouteflika de son dossier de candidature au Conseil constitutionnel. Puis l’aveu de Sellal qui a fait savoir que le président-candidat ne ferait pas campagne lui-même. Mais, pour autant, le mensonge ne s’est pas éteint, il s’est étendu ensuite à d’autres sujets sur lesquels les faits, têtus, ont pourtant été établis de longue date. Il faudra attendre que la campagne électorale soit lancée pour savoir si la population a été dupe et à quel point. Les partisans de Bouteflika sont convaincus que cette campagne ne sera pas facile. Les signaux émis par la position de l’Organisation nationale des moudjahidine et par l’absence de consensus au sein du Forum des chefs d’entreprises concernant la candidature de Bouteflika semblent avoir été reçus et compris. C’est ce qui explique pourquoi ils ont pris les devants sur le chapitre des libertés, argument majeur de leurs opposants. Les dernières manifestations de rue contre le quatrième mandat n’ont pas été réprimées et le meeting des boycotteurs autorisé à la salle Harcha, à Alger. Ils ont également compris qu’ils seront surveillés sur l’utilisation des moyens de l’Etat au profit de leur candidat. Tout cela rend l’hypothèse d’un deuxième tour plausible.
K. B.
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