Un représentant de Bouteflika : «L’ouverture des frontières avec le Maroc est à l’étude»
Un représentant du candidat à sa propre succession, Abdelaziz Bouteflika, a déclaré, sur une chaîne de télévision privée, hier, que l’ouverture des frontières avec le Maroc, fermées depuis 1994, était à l’étude. Ce représentant, Djamel Maâfa, journaliste à l’ENTV, intervenait dans une émission qui le mettait aux prises avec un membre du staff de campagne d’Ali Benflis. «Oui, il y a des personnes qui étudient ce dossier», a lancé l’ancien animateur qui s’est fait connaître grâce à un talk show avec les personnalités politiques au début des années 1990. Interrogé à son tour, le membre du staff de campagne d’Ali Benflis, M. Boumghar, a «piégé» son rival en rappelant que l’Algérie avait des positions de principe sur cette question et qu’une éventuelle réouverture des frontières avec le Maroc était tributaire d’un certain nombre de conditions que le Maroc ne remplissait pas pour l’instant. M. Boumghar a insisté sur le fait que le régime marocain devait d’abord arrêter de noyer notre pays avec sa drogue et respecter le droit du peuple sahraoui à son autodétermination. Le journaliste de l’ENTV, dont le tour semble venu pour participer au pouvoir comme plusieurs de ses prédécesseurs, se rendant compte de sa bourde, a repris mot pour mot les exigences de l’Algérie énumérées par l’autre invité. Les bourdes se multiplient dans le camp des pro-Bouteflika. Aux boutades mal placées et aux propos triviaux indignes de personnalités politiques de premier rang, est venu s’ajouter cette annonce faite par une personne qui est loin d’être habilitée à se prononcer sur un sujet aussi important et aussi sensible que les relations internationales. La gravité du ton utilisée par Djamel Maâfa, pour faire sérieux et donner l’impression de peser un tant soit peu dans le staff de campagne du président-candidat, obligé de faire parler les autres à sa place au risque d’avoir le résultat contraire à celui escompté – ce qui semble se confirmer de jour en jour –, dénote d’un besoin de convaincre des Algériens qu’il sera difficile de persuader de se rendre aux urnes. Djamel Maâfa sera-t-il, à son tour, rappelé à l’ordre, ou le Président laissera-t-il ses porte-voix continuer de le mener à sa perte ? A moins que cela n’influe pas sur le cours du vote, puisque les tenants du pouvoir sont assurés du résultat dès à présent et que tout le reste ne soit que de l’agitation pour amuser la galerie jusqu’au 17 avril. L’avenir nous le dira.
M. Aït Amara