Médiocrité redondante
Par Karim Bouali – La campagne électorale bénéficie d’une médiatisation exceptionnelle, assurée, à côté des supports anciens, par des sites électroniques d’information et des chaînes privées de télévision, sans compter les réseaux sociaux, c’est une nouveauté, mais visiblement la seule par rapport aux élections précédentes. Par contre, chacun a pu le constater, pour le discours et le décor, rien n’a changé, même médiocrité, mêmes redondances : salles artificiellement remplies pour le candidat de l'establishment, un rival sérieux et des figurants. C’est sans doute la campagne électorale la plus pénible pour les candidats y compris pour les six représentants de Bouteflika. Ils doivent, avant de convaincre, d’abord lutter contre l’indifférence que manifestent ouvertement les électeurs. Ceux-ci ne s’attroupent pas devant les panneaux d’affichage, qui sont, d’ailleurs, très souvent vides, et ne vont pas aux meetings électoraux. On a vu certains candidats, que l’on a maintenant pris l’habitude d’appeler les «lièvres», obligés, faute d’auditoire suffisant qui puisse remplir une salle, se contenter d’une rencontre «conviviale» sur la place publique avec un petit groupe de citoyens. Indifférents à la campagne, mais aussi absents des regroupements organisés par les contestataires, les citoyens ne sont pas, pour autant, sans opinion sur cet événement. Dans les discussions informelles qu’ils tiennent pour commenter la campagne, c’est l’idée que les «jeux sont faits» qui domine. Le bilan de la première semaine de la campagne électorale fait bien ressortir cette désaffection qui donne un avant-goût d'un taux d'abstention extrêmement élevé à l'élection du 17 avril et qui aura très peu à voir avec les appels au boycott, même si la coalition hétérogène de «boycotteurs» s’empressera de revendiquer la masse d’abstentionnistes comme étant la sienne. Dans tous les cas, tout indique que nous aurons un président qui, en plus d'être impotent, sera mal élu.
K. B.
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