Je ne ferai pas comme lui
Par Meriem Sassi – Durant la campagne qu’il mène en prévision de l’élection du 17 avril prochain, Ali Benflis égrène les promesses habituelles que l’on peut entendre de la part de tous les candidats au scrutin présidentiel, mais il se distingue aussi par une stratégie moins classique qui consiste à étaler tous les torts de son principal adversaire, sans jamais le nommer. Si Benflis dit, durant ses meetings, «ce qu’il fera», il dit surtout «ce qu’il ne fera pas» en citant, à chaque fois, les nombreux écarts de gestion commis lors des précédents mandats. Benflis semble avoir trouvé le bon moyen d’attirer les électeurs déçus par quinze années de pouvoir assumé par le clan Bouteflika en se basant sur des situations vécues par le peuple et en mettant le doigt sur tout ce qui ne va pas. A chaque sortie sur le terrain, Benflis enchaîne les allusions aux impairs de Bouteflika et fait entrevoir clairement au peuple quelles sont les erreurs commises en s’engageant à les bannir, au vu de ce qu’elles ont coûté à l’Algérie en pertes financières, en scandales, mais surtout en formes diverses de népotisme, de déni de droit et de confiscation de pouvoir. La technique de Benflis est simple, mais semble très efficace au vu des échos que renvoient les différents meetings animés jusque-là à travers les wilayas. Le candidat lance, sans cesse, des messages subliminaux en s'attaquant indirectement à Bouteflika, point par point, mais en ne le citant jamais. Exemple, à partir de la wilaya d’El-Oued, où il animait il y a quelques jours un meeting, Benflis déclare : «Je ne nommerai pas mon frère ou mes amis à la Présidence. Je suis porteur d’un projet sérieux qui donne la priorité aux compétences et qui vise à transmettre le flambeau aux jeunes qui doivent se trouver au centre de la prise de décision.» L’allusion à Saïd Bouteflika et aux différents membres du clan assujetti au Président est claire. L’influence de ces derniers sur le processus de décision politique et économique est dénoncée et constitue pour Benflis un argument de taille dans sa campagne. A Annaba, Ali Benflis affirme : «Si le peuple m’accorde sa confiance, je m’engage à ne faire aucune nomination à un poste de responsabilité par décret non publiable», une autre occasion d’accuser Bouteflika sans le nommer. La gestion par téléphone des collectivités locales est aussi dénoncée par Benflis qui en profite pour promettre qu’il n’en fera pas de même et qu’il n’exercera aucune pression sur les élus locaux : «Plus personne ne pourra prendre son téléphone pour leur donner des ordres. Ils seront dotés d’un code d’éthique et de déontologie pour les protéger, y compris des pressions du chef de l’Etat. C’est la meilleure manière de garantir la neutralité de l’administration», a-t-il notamment déclaré dans un meeting à Blida.
M. S.
Comment (11)
Les commentaires sont fermés.