Après moi le déluge
Par Kamel Moulfi – Hier soir, alors que les bureaux de vote venaient à peine de fermer et que les dépouillements n’avaient même pas commencé en certains endroits, en tout cas très loin d’être terminés, le secrétaire général du FLN, Amar Saïdani, s’est lancé, comme c’est devenu une habitude chez lui, dans une provocation délibérée en livrant des chiffres gonflés à outrance en faveur de son candidat, Bouteflika. Amar Saïdani n’a pas hésité à balancer des pourcentages exagérés et fantaisistes comme s’il oubliait qu’ils allaient être démentis par les résultats, certainement «plus réalistes», même s’ils resteront entachés de fraude, que donnera le ministère de l’Intérieur. Qu’est-ce qui explique ce comportement du secrétaire général du FLN ? Ignore-t-il les circonstances de cette élection présidentielle précédée d’une campagne qui s’est terminée dans un climat très tendu ? Inévitablement, le scrutin n’a pas pu se dérouler dans la sérénité comme le voulaient les électeurs bien qu’ils n’y croyaient pas tellement, en prenant connaissance du dispositif de sécurité impressionnant mis en place, déjà la veille du jeudi 17 avril, pour sécuriser les opérations électorales. De nombreux incidents ont émaillé la journée de vote ça et là, dégénérant parfois en affrontements violents. Beaucoup, parmi ceux qui ont décidé de boycotter les urnes, particulièrement les jeunes, ne se sont pas contentés de s’abstenir d’aller aux bureaux de vote, ils ont manifesté dans la rue leur hostilité au scrutin provoquant des heurts avec les forces de l’ordre qui les ont réprimés. Avec une abstention aussi massive et la suspicion de fraude sur les suffrages exprimés, Amar Saïdani devrait plutôt adopter un profil bas et attendre que la cuisine électorale habituelle produise les chiffres «convenables». Il doit surtout ranger ses attitudes provocatrices parce que la situation, très sensible, impose la plus grande prudence et la plus grande retenue. A moins qu’il ne cherche à donner du crédit aux rumeurs alarmistes sur l’après 17-avril ?
K. M.
Comment (18)
Les commentaires sont fermés.