Oum Derman bis ?
Par Kamel Moulfi – La fausse information sur la prétendue sortie du ministre de la Défense égyptien, le maréchal Abdelfattah Al-Sissi (voir notre article), a eu, sur notre opinion publique, heureusement, l’effet d’un pétard mouillé dans l’ambiance entièrement dominée par la finale de la Coupe d’Algérie de football. C’était prévisible, tant le fait a paru surprenant, mais il y a toujours des gens pour avaler les plus grosses couleuvres et accorder de l’intérêt aux rumeurs sans attendre les démentis ou les précisions qui ramènent les choses à leur juste dimension. La manipulation, évidemment intéressée, de l’information, a consisté à transférer ce fait vers un autre contexte, celui du conflit entre supporters algériens et égyptiens, il y a déjà presque cinq ans, à l’occasion des matches éliminatoires pour la Coupe du monde 2010. On voudrait un «Oum Derman bis» que l’on n’agirait pas autrement. Comme dans les crimes mystérieux, la première question qui vient à l’esprit est de savoir à qui profite la propagation d’une telle information ? Autrement dit : qui a intérêt à perturber les relations entre l'Algérie et l'Egypte, les deux pays qui refusent de courber l'échine face au diktat des monarchies du Golfe au sein de la Ligue arabe ? Les deux pays qui osent défier les grands décideurs sur le dossier syrien ? Les deux pays qui mènent une lutte acharnée et sans répit contre le terrorisme islamiste ? Un nouveau conflit entre Alger et Le Caire arrangerait beaucoup de monde. Oui, quel beau cadeau aux ennemis de nos deux pays qu’une querelle bâtie sur du faux, qui serait ensuite amplifiée par des médias aux ordres, pour détourner les deux peuples de leurs préoccupations internes et de leurs aspirations communes. L’Algérie et l’Egypte ont besoin de mobiliser le sentiment patriotique, très fort chez leurs peuples, pour affronter les véritables défis et pas pour servir des desseins extérieurs. Ils ont besoin aussi de leur solidarité mutuelle. Le piège grossier n’a pas fonctionné.
K. M.
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