Bouteflika échoue à former un «gouvernement de consensus national» après le rejet de l’opposition
Mis à mal par le taux d’abstention particulièrement élevé lors de la présidentielle du 17 avril dernier, le Président a déployé de grands efforts pour tenter de convaincre des formations de l’opposition d’intégrer le nouvel Exécutif. Mais les intenses contacts et tractations menées, en toute discrétion, la semaine dernière n’ont finalement pas donné les résultats escomptés. Aucune grande formation de l’opposition n’a accepté de faire partie de la nouvelle composante gouvernementale. Ni le FFS qui a eu une position pour le moins non tranchée sur la dernière présidentielle, ni le RCD, ni encore moins le MSP qui a flirté avec le «système Bouteflika» pendant les trois premiers mandats n’ont cédé à la tentation «gouvernementale» qui est pourtant bien réelle chez certains. L’entourage du président Bouteflika, qui a réservé une dizaine de portefeuilles à l’opposition, a dû abandonner l’option d’un «gouvernement de consensus national» tant le refus des formations sollicitées était catégorique. A qui donc seraient attribués les postes prédestinés à des formations de l’opposition ? Le Président va-t-il les utiliser pour récompenser sa clientèle fort nombreuse et très élargie ? Ou va-t-il reconduire les ministres déjà en poste et se contenter d’un «changement» dans la continuité auquel sont désormais habitués les Algériens ? Quelle que soit l’option retenue, le Président en sortira plus affaibli. D’ailleurs, sa démarche repose sur une arrière-pensée bien claire, à savoir crédibiliser le nouvel Exécutif et tenter de sortir de son «isolement» politique, en élargissant la coalition gouvernementale. Elle vise également à casser l’élan de l’opposition qui multiplie les initiatives pour unir ses forces. Si Bouteflika a été réélu à 80% des voix exprimées, il n’a pas besoin d’associer l’opposition à sa gouvernance. Cela d’autant plus que durant la campagne électorale, ses représentants ont tiré à boulets rouges sur l’opposition, notamment les partisans du boycott qualifiés de «missionnaires» au service d’un agenda extérieur. En échouant de ramener les gros calibres de l’opposition dans le nouveau gouvernement, le président se trouve dans une situation pour le moins embarrassante qui renseigne sur les difficultés à venir. Car ça ne marche pas pour l’entourage du Président comme sur des… roulettes. Il s’agit d’un sérieux problème de légitimité populaire !
Sonia B.