La chose et son contraire
Par Kamel Moulfi – Dans sa fuite en avant, le pouvoir continue à faire cavalier seul, laissant toute l’initiative à ses quelques laudateurs et ignorant le reste, la population n’étant associée à rien. La phase active du «processus» de révision constitutionnelle, celle des consultations, annoncée pour la première semaine de juin, sera boycottée par l’opposition plus largement que ne l’a été l’élection présidentielle, ce qui laisse penser, dès maintenant, que le texte qui en sortira pour être voté par le Parlement ou approuvé en référendum, censé être «consensuel», sera plutôt unilatéral et souffrira, dès le début, d’un déficit incontestable de représentativité. D’ailleurs, quelle crédibilité peut avoir cette démarche quand on sait que ceux qui avaient fait campagne en 2008, avec des arguments «tirés par les cheveux», pour un nombre de mandats présidentiels illimité, vont s’évertuer à convaincre du contraire, avec les arguments opposés ? Au plan politique, le pouvoir n’a pas encore réussi à sortir de l’impasse. L’invitation adressée par Ahmed Ouyahia aux anciens du FIS pour les associer aux consultations – eux qui clamaient haut et fort «la mithak la doustour» (ni charte ni Constitution) et qui n’ont jamais changé d’avis – sonne faux. Mais ce qui compte aux yeux du pouvoir, c’est la diversion qu’il veut créer par une telle compromission, pour éluder les vrais problèmes sur lesquels les Algériens ont les yeux rivés et pour lesquels ils attendent d’en haut un frémissement qui ne viendra pas. Car, dans les faits, c’est le statu quo : le même arbitraire fait office de gouvernance, aucun contrôle ni contre-pouvoir ne sont admis. Et, surtout, les cas avérés de corruption auraient été étouffés et relégués aux oubliettes s’il n’y avait pas les médias pour les maintenir dans l’actualité brûlante, en rappelant systématiquement les noms de ceux qui sont impliqués dans la rapine, les sommes qu’ils ont transférées et les biens qu’ils ont acquis à l’étranger.
K. M.
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