Pilule amnésiante
Par R. Mahmoudi – Des porte-voix du FIS dissous sont officiellement invités à prendre part aux consultations sur la révision constitutionnelle, pendant que d’autres sont reçus, avec tous les honneurs, à la conférence de l’opposition. Tout se passe comme si ces dangereux prédateurs se partageaient les rôles dans ce jeu trouble dont ils sont déjà les premiers, voire les seuls gagnants. Leur première victoire est qu’ils sont moralement et politiquement réhabilités. Que faudrait-il de plus pour qu’ils le soient ? Fort de ce sentiment, les Hachemi Sahnouni, Ali Djeddi et Kamel Guemmazi ne vont pas se suffire de simples agitations protocolaires. Ils ont déjà commencé à monter les enchères. Conscients des manœuvres qui se trament autour d’eux, ils essayeront d’en tirer le plus grand profit. Pour eux, toutes les portes sont désormais ouvertes. Comment oser dire, après tout cela, que la question du FIS «est définitivement tranchée» (dixit le Premier ministre Abdelmalek Sellal) et qu’une invitation adressée aux anciens mentors du parti dissous «à titre d’hommes politiques» ne signifie pas la reconnaissance d’un parti à l’histoire dégoulinante de sang et dont les dirigeants sont tenus – tel que consigné dans la charte pour la paix et la réconciliation nationale – pour responsables de la «tragédie nationale» ? Le pouvoir sait-il au moins qu’il est en train d’enfreindre cette même charte qui interdit aux personnes reconnues responsables des années de terrorisme islamiste toute activité politique et qu’il est, dans le même temps, en train même de bafouer la future Constitution dans laquelle on voudrait intégrer – on ne sait pas trop à la demande de qui – la fameuse charte comme «constante nationale» ? Nos constitutionnalistes n’ont rien dit, tandis que Farouk Ksentini s’échine à vouloir nous faire avaler la pilule amnésiante de l’amnistie générale. A quoi tout cela rime-t-il ?
R. M.
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