Le nouveau regard de Mokri sur le «printemps arabe»
Dans une contribution publiée sur le site officiel de son parti, le secrétaire général du MSP, Abderezzak Mokri, donne son point de vue sur les événements qui secouent actuellement l’Irak et parle d’un projet de partition savamment orchestré par «les puissances néocoloniales». Fervent défenseur du «Printemps arabe», ce leader islamiste relativise, ici, sa pensée et invite à regarder autrement l’actualité arabe. Pour lui, l’écroulement soudain de l’armée irakienne qui a permis cette avancée inquiétante des milices armées et la prise des villes kurdes par les Pechmergas dans le nord du pays ne sont pas une surprise. «L’analyse de la nature et des intérêts des puissances néocoloniales et ceux des puissances régionales impliquées dans la répression des révoltes populaires pour la liberté nous permet de comprendre que l’accélération de ces événements vise le démantèlement de l’Irak», écrit Abderezzak Mokri. Pour lui, «la double allégeance du Premier ministre Anouar Al-Maliki aux Etats-Unis et à l’Iran» en est un indice palpable. Le leader islamiste estime ainsi que les puissances occidentales «continuent à imposer des régimes à la fois défaillants, arrogants et coupés de leurs sociétés pour mieux les aliéner, ce qui permettra à ces puissances de dicter leurs choix à ces régimes corrompus ou, dans le cas d’un échec, d’exploiter les révoltes populaires pour désintégrer ces pays selon leurs intérêts stratégiques et les sources d’énergies dont ils auraient besoin». Selon lui, la même logique s’applique partout : provoquer le chaos et encourager les dissensions internes «au point que les citoyens en viennent à accepter toute solution, y compris la partition». Faisant le lien avec l’Algérie, le chef du MSP met en garde contre les risques d’instabilité qui menacent aujourd’hui nombre de pays arabes. Il estime ainsi que tous les ingrédients d’un effondrement sont réunis chez nous. «C’est pourquoi, soulignera-t-il, il est du devoir de chaque patriote sincère, dans la société et au sein des institutions, de ne ménager aucun effort pour préserver la stabilité et l’intégrité de son pays.» Mokri est totalement persuadé que «n’étaient-ce les règnes de Benali et ses gendres en Tunisie, de Moubarek et ses enfants en Egypte, de Bachar et sa famille en Syrie, de Kadhafi et sa tribu en Libye, d’Al-Maliki et sa communauté en Irak, il n’y aurait pas eu de révolutions dans ces pays».
R. Mahmoudi