Inculture et paresse
Par Kamel Moulfi – Dans la hiérarchie des sujets qui passionnent les Algériens, il y a, en ce moment, largement en tête, celui qui a fâché tout le monde chez nous : la défaite des Verts devant la Belgique, qui ne cessera d’être commentée qu’après le coup d’envoi du prochain match face à la Corée du Sud, prévu dimanche soir. Avec le recul, on peut dire que le but qui a permis à notre pays de mener au score face aux Belges a semé l’illusion que l’Algérie s’était subitement transformée en grande nation de football ; l’égalisation a ramené le doute et le deuxième but de nos adversaires a achevé d’installer la déception, sans chasser l’illusion qui persiste encore. On oublie dans quel état se trouve le sport algérien. Pourtant, la composition de l’équipe montre clairement la part insignifiante du football national dans les performances des Verts : le plus grand nombre évolue à l’étranger. Ils sont même nés à l’étranger où ils ont toujours vécu avec leurs familles. Leur patriotisme, dont on tire à juste titre fierté, leur a fait choisir de jouer dans l’équipe nationale algérienne, mais ils n’ont pas été formés dans notre pays et ne sont donc pas le résultat de la politique sportive de l’Algérie. L’indigence de cette politique se mesure au nombre, dérisoire, de stades de proximité, de piscines, de salles de sport et autres infrastructures qui éviteraient aux enfants de jouer dans la rue, voire de traîner dehors, exposés à la délinquance et à la merci des trafiquants de drogue. La pauvreté sportive est encore plus visible dans la place qu’occupe cette discipline dans le système éducatif, pas de sport scolaire et les cours d’éducation physique sont presque facultatifs, si l’on en juge par le non-respect des horaires réservés à cette matière. A cela – faut-il s’en étonner ? – viennent s’ajouter l’inculture et la paresse qui dominent, encouragées par la médiocrité ambiante, et qui empêchent les débats, sur toutes les questions d’ailleurs, qu’il s’agisse du sport ou du gaz de schiste. A la place de l’encouragement des jeunes à faire des efforts dans tous les domaines, le pouvoir leur a créé une mentalité d’assistés qui attendent le logement social et le «coup de pouce» de l’Ansej.
K. M.
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