Programmes spécial Ramadhan dans les télévisions algériennes : morosité et absence de compétitivité
Dans ses réquisitoires implacables contre la presse nationale, qu’il accuse de manque de professionnalisme et de médiocrité, le nouveau ministre de la Communication, Hamid Grine, a omis de citer les médias audiovisuels, alors qu’ils sont loin d’être un exemple en matière de qualité et de créativité. Le constat que tout le monde peut faire aujourd’hui est que la multiplication des chaînes de télévision satellitaires depuis deux ans n’a pas apporté une plus-value au secteur de l’information, malgré toutes les facilités et tous les budgets dont elles ont bénéficié. Il n’y a qu’à voir la qualité des programmes qui sont proposés aux téléspectateurs en ce mois de Ramadhan, pour s’apercevoir à quel point ces nouvelles chaînes ne sont que des pâles copies de l’Unique : aucune innovation dans les émissions et les sitcoms qui sont présentés à de grandes heures d’écoute. Le même topo, la même morosité sont observés sur toutes les nouvelles chaînes qui se disputent presque les mêmes programmes, les mêmes sketchs-chorba joués par toujours les mêmes comédiens vieillissants et les mêmes animateurs repus, mais que ces nouvelles télés s’arrachent, à l’image de Slimane Bakhlili, qui continue à présenter son «Khatem Soleiman», avec son style lénifiant qui semble intéresser toujours les producteurs de télévision. La plupart de ces animateurs n’arrivent pas à se départir de la culture de l’ENTV dont ils se sont abreuvés : langue de bois, autocensure, absence d’esprit d’initiative… En matière de variétés, les téléspectateurs sont gavés des mêmes concerts chaâbi et andalous ou de madih, tirés le plus souvent des archives de l’ENTV ou même de l’ex-RTA. Ne dérogeant pas à la tradition, toutes les télés ont leur causerie religieuse – qui ne sort pas du cadre des prêches traitant des sujets aussi futiles que le jeûne chez les voyageurs. En matière d’émissions de divertissement, les caméras cachées tiennent, comme chaque année, le haut du pavé. La seule nouveauté, peut-être, est dans les émissions de cuisine. Le succès obtenu par Samira TV, spécialisée dans la cuisine algérienne, a poussé la majorité des chaînes à consacrer des tranches horaires de plus en plus importantes à l’art culinaire. Il y encore un long chemin à parcourir pour prétendre avoir un champ audiovisuel de qualité.
R. Mahmoudi