Insulte aux martyrs
Par Karim Bouali – Une gerbe de fleurs et… des chaînes interminables pour le lait en sachet, le jour de l'Indépendance ! Voilà, en somme, les deux événements qui ont marqué cette date historique du pays. L'histoire de l'Algérie est-elle en train d'être banalisée sciemment ? Les hauts faits de guerre de nos martyrs sont-ils en train d'être effacés au fur et à mesure que le temps passe ? Qui cherche à éteindre la flamme de la révolution de Novembre ? Qui veut réduire ce fait majeur dans l'histoire contemporaine de l'humanité à une littérature épistolaire protocolaire ? Où sont les conférences et les expositions-photos ou les projections de films spécialement dédiées à la commémoration du 5 Juillet ? La génération qui a libéré le pays de l’occupation coloniale n’a pas entièrement disparu et parmi les moudjahidine qui en font partie, il y en a qui sont, heureusement, encore là pour témoigner et alimenter la mémoire des nouvelles générations qui n’ont connu ni les affres du colonialisme et les douleurs de la guerre de Libération, ni la liesse populaire de l’indépendance, le 5 juillet 1962. Mais ces témoins acteurs de l’histoire immédiate du pays ont-ils été sollicités pour apporter leur contribution inestimable, irremplaçable ? Les quelques actions à portée éducative qui ont été initiées par de petites associations n’ont pas été médiatisées autant que les galas de rues qui n’apportent rien, en dehors de menus profits financiers. L’opposition politique a également une responsabilité dans ce fiasco du 5 juillet. Elle s’est beaucoup agitée avant et peu après le 17 avril, à l’occasion de l’élection présidentielle, mais semble considérer que le devoir de mémoire n’entre pas dans son programme, ce qui expliquerait l’absence d’initiatives, de sa part, elle aussi, pour marquer dignement le 5 Juillet. Souhaitons que d’ici le 1er novembre, soixantième anniversaire du déclenchement de la lutte armée de libération nationale, elle se rattrape. Il faut rappeler que, depuis le dernier défilé militaire de 1987, sous Chadli, les fêtes nationales n'ont cessé d'être déconsidérées jusqu'à devenir des célébrations sans inspiration, voire sans intérêt. Une nation qui humilie ses martyrs est indigne.
K. B.
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