Mohamed Mechati repose au cimetière de Sidi Abderrahmane
L’ancien moudjahid Mohamed Mechati a été enterré aujourd’hui au cimetière de Sidi Abderrahmane à Alger en présence de sa famille, ses amis et quelques personnalités nationales et des officiels. Ce membre du groupe des 22 à l’origine de la guerre de Libération nationale s’est éteint dans un hôpital à Genève à l’âge de 93 ans. Sa dépouille mortelle est arrivée hier à Alger. A l’accueil du corps du moudjahid disparu, il y avait le ministre des Moudjahidine, Tayeb Zitouni, le secrétaire général de l’Organisation nationale des moudjahidine, Saïd Abadou, l’ancien ministre Ahmed Taleb Ibrahimi, des anciens moudjahidine, des amis et compagnons du défunt et, bien entendu, des membres de sa famille. A l’enterrement aussi, on a retrouvé ce beau monde. Et plus. Il y avait aussi Mohand Arezki Benyounès, président de l’Association des anciens membres de la Fédération de France, son frère Amara Benyounès, ministre du Commerce, et Ali Benflis, ancien candidat à la dernière présidentielle. Des présidents de partis politiques et des représentants de la société civile étaient également présents. Des proches et des amis se sont succédé durant la soirée de lundi pour se recueillir dans une atmosphère religieuse et digne sur la dépouille de ce défunt moudjahid, dont les vertus humaines et la dimension révolutionnaire ont été saluées et reconnues par les uns et les autres. Compagnon de lutte du défunt au sein du Comité central du Parti populaire algérien (PPA), Sid-Ali Abdelhamid a tenu à marquer sa présence en dépit de son état de santé fragile. Il a tenu à rappeler les «sacrifices» du défunt Mohamed Mechati pour servir la cause nationale. «Mechati a figuré parmi les jeunes qui se sont engagés au sein du PPA et ont sacrifié leur vie pour l'indépendance du pays», a-t-il ajouté. Né en mars 1921 à Constantine, Mohamed Mechati laisse derrière lui un long parcours de maquisard et de militant des causes justes. Il s’engage très jeune dans le combat libérateur. Démobilisé en 1945, il milite au PPA, puis au MTLD et au CRUA. Il est également membre fondateur de l’Organisation secrète. Dès le début de la Révolution, il intègre la Fédération de France du FLN. Arrêté en août 1956, il croupit en prison jusqu’en 1961. A l’indépendance, il devient diplomate, occupant différents postes dans plusieurs capitales. En 1987, il prend sa retraite, mais reste présent sur la scène médiatique. Au verbe acéré, Mohamed Mechati critique régulièrement les dirigeants du pays. Il qualifie, par exemple, le règne de Bouteflika de catastrophique, traitant les décideurs de «bandits et de voyous». Foncièrement opposé au 4e mandat, Mohamed Mechati a étrillé à maintes fois le président Bouteflika qu’il n’a jamais reconnu comme «son» président. «Ce président – le vôtre –, que les Algériens n’avaient pas librement choisi, a usé et abusé de son pouvoir exorbitant pour mettre à son service exclusif les institutions de l’Etat ainsi vouées à fonctionner à sens unique, dans son seul intérêt et celui des siens», a-t-il dénoncé en juillet 2013, à deux jours de la fête de l’Indépendance nationale. «Aujourd’hui que ce président est malade, l’Etat tout entier en est affecté. Ce sont là les conséquences d’une pratique despotique, autoritaire et dictatoriale de son pouvoir», a-t-il ajouté. A cause de ses critiques et sa franchise, le chef de l’Eta n’a toujours pas adressé des condoléances officielles à sa famille. Du moins jusqu’à l’heure où nous écrivons ces lignes.
Rafik Meddour