De qui se moque-t-on ?
Par Kamel Moulfi – Le suivisme de la politique étrangère française, qui est réglée sur les Etats-Unis, est confirmé par le comportement de la France face à Daech ou EIIL, l’Etat islamique en Irak et au Levant. Une fois qu’Obama a décidé d’en faire son ennemi et de bombarder ses camps dans les régions qu’il occupe en Irak, Daech est devenu automatiquement la cible des dirigeants français. La réaction de Laurent Fabius à l’exécution du journaliste américain James Foley par les terroristes de Daech montre, en outre, une fois encore, les incohérences de la démarche française sur la scène moyen-orientale et particulièrement vis-à-vis du monde arabe. Le ministre français exprime à juste titre son indignation devant ce qu’il qualifie d’«assassinat ignoble» et il a tout à fait raison de parler de «califat de la barbarie» à propos de Daech. Mais cet événement tragique va-t-il lui ouvrir les yeux sur ce qui se passe réellement en Syrie où d’autres adeptes du «califat de la barbarie» agissent depuis de longs mois avec la bénédiction et le soutien, précieux pour eux, de la France ? Laurent Fabius évoque la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU visant à couper les sources de financement aux groupes terroristes liés à Al-Qaïda, Daech et Front Al-Nosra, et affirme inscrire l’action de la France dans ce cadre. Laurent Fabius ira-t-il jusqu’à reconsidérer les relations avec le Qatar accusé par le ministre allemand de la Coopération économique et du Développement, Gerd Müller, d’armer et de financer Daech ? Les terroristes de Daech combattaient en Syrie contre le «régime» de Bachar Al-Assad avant de lancer leur offensive contre les régions nord et ouest de l'Irak, rejoints ensuite par des groupes disparates d’opposition à la présence américaine en Irak. Comment expliquer ce retournement des pays occidentaux – Etats-Unis en tête, Grande-Bretagne, Allemagne, France – qui se mettent subitement à combattre en Irak les groupes terroristes qu’ils soutenaient hier seulement quand ceux-ci opéraient en Syrie ? Les experts ont du pain sur la planche pour éclairer notre lanterne.
K. M.
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