Drôle de logique
Par Kamel Moulfi – Devant le blocage de la situation créé par l’incapacité aussi bien du pouvoir que de l’opposition à faire bouger les choses, les regards se tournent vers l’armée et, curieusement, la tentation est grande chez des personnalités réputées démocrates d’appeler carrément l’institution militaire à intervenir. Ce pas a été franchi par l’avocat Mokrane Aït-Larbi qui proclame ouvertement que la solution est entre les mains de l’armée. Dans une lettre rendue publique et reprise par tous les médias, il l’exhorte à «convaincre le Président de la nécessité de parvenir à un accord urgent entre l’opposition et le pouvoir, autour d’une plateforme commune», pour procéder à un changement pacifique, et éviter d’autres tragédies, avertit l’ancien sénateur. Me Aït-Larbi a confiance en l’armée et lui demande, c’est la substance de sa lettre, d’«accompagner le changement démocratique avant de rentrer dans les casernes». Comment se fera cet accompagnement et combien de temps il durera ? Il ne le précise pas, mais le message de Me Aït-Larbi peut être compris comme une sollicitation de l’armée pour qu’elle procède au transfert du pouvoir à l’opposition, tout en excluant que l’armée y participe, puisque, selon lui, elle n’a pas vocation à exercer le pouvoir. Il faut reconnaître que la démarche de Me Aït-Larbi repose sur une drôle de logique. Mais elle traduit surtout l’impasse actuelle et le manque de perspectives qui caractérise l’opposition. Et ce n’est pas l’armée qui viendra à son secours. L’ANP a déjà refusé toute implication dans les affaires politiques nationales. La réponse à Me Aït-Larbi est déjà dans l’éditorial d’El Djeïch de juillet 2014 :« Un quart de siècle après l’avènement du pluralisme et son retrait définitif de la scène politique, l’ANP s’est pleinement consacrée à l’édification d’une armée moderne et professionnelle, remplissant ses missions constitutionnelles, en veillant instamment à se prémunir de toute sensibilité et calculs politiques» (voir article d’Algeriepatriotique du 19 juillet 2014). C’est clair : l’opposition doit se hisser, par son propre effort, à la hauteur des exigences de son rôle politique qui consiste à préparer le changement.
K. M.
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